Un test exigeant pour les participants de la Coupe Ryder.
Le Hazeltine National Golf Club est considéré par
plusieurs comme étant le meilleur parcours privé de la région de Minneapolis et
l’un des meilleurs parcours aux États-Unis.
À en juger par le nombre de tournoi d’envergure dont il a été l’hôte au
fil des soixante quelques années qui ont marqué son existence, il n’y a pas de
doute que le Club bénéficie d’un prestige certain.
Ouvert en 1962 grâce au design de Robert Trent Jones
Sr. qui reprit les plans d’un autre architecte, le Club fut fondé par Totton P.
Heffelfinger dans l’espoir d’y accueillir des tournois majeurs. Le fait que M. Heffelfinger était un ancien président
de la USGA a certainement aidé à l’atteinte de cet objectif, mais le parcours
se devait quand même d’être un test digne des meilleurs golfeurs au monde! Dès 1966, le parcours accueillit l’Omnium
Américain féminin. Ce tournoi fut
rapidement suivi en 1971 par l’Omnium Américain masculin, et encore un autre
Omnium féminin en 1977.
Au cours de ces tournois majeurs, le parcours fut jugé
sévèrement par les joueuses et joueurs qui le trouvaient très exigeant et
brutal. Ceci mena le Club à procéder à
des changements importants au début des années 1980, lorsque plusieurs trous
furent réaménagés par Trent Jones Sr., incluant le maintenant célèbre seizième
trou (qui sera joué en tant que trou no. 7 lors de la Coupe Ryder).
Préalablement à l’Omnium Américain de 1991 qui fut
remporté par Payne Stewart, c’est le fils de Trent Jones Sr., Rees Jones, qui
prit la relève pour réaliser les modifications subséquentes sur le
parcours. Depuis sa création, le Club
est seulement le deuxième club au États-Unis à avoir accueilli, au fil des
années, tous les championnats présentés par la USGA et la PGA d’Amérique. Un fait,
somme toute, impressionnant!
Caractéristiques
du parcours
L’œuvre des
« Open Doctors »
Le parcours du Hazeltine National est un parcours de
championnat qui est typique des Omniums Américains, c’est-à-dire un parcours
long aux allées étroites et bien protégées par des fosses nombreuses et de
l’herbe-longue abondante et impardonnable.
Il laisse peu de place à l’imagination et demande des nerfs d’acier pour
garder sa balle en jeu. Ceci n’est pas
un hasard. Robert Trent Jones Sr a construit sa réputation d’architecte en
créant de multiples parcours solides présentant des tertres et des verts
souvent immenses permettant une grande flexibilité dans le « setup »
de parcours. Par contre, il a aussi
popularisé l’usage de multiples fosses de sable pour pincer les zones de
réception des coups de départ dans les allées pour forcer les golfeurs à être
plus précis, et utiliser le recours aux étangs pour ajouter des éléments
dramatiques et visuellement forts à des abords de verts dépourvus de
particularités naturelles intéressante. C’est
en 1951 qu’il s’est rendu célèbre en redessinant le parcours du Oakland Hills
Country Club pour l’Omnium Américain gagné par Ben Hogan qui avait déclaré
avoir mis le « Monstre » à genou en parlant du parcours. Depuis lors, Robert Trent Jones Sr est devenu
dans le milieu le « Open Doctor » et il a été employé à rénover ou
« améliorer » plusieurs parcours destinés à accueillir l’Omnium. À sa
mort, son fils Rees Jones a poursuivi la tradition jusqu’à aujourd’hui, et il
est maintenant l’architecte en charge des modifications à Hazeltine.
Note : Un
fait intéressant réside dans le fait que les dirigeant d’Oakland Hills sont en
voie de réaliser une rénovation complète de leur parcours Sud qui a été maintes
fois rénové au fil des décennies par Robert Trent Jones Sr. et son fils Rees en
vue d’y tenir des tournois majeurs toujours plus difficiles. L’architecte à qui
cette tâche a été donnée est Gil Hanse, l’architecte du parcours Olympique
décrit dans ma plus récente chronique. Celui-ci aura le mandat de défaire ce
qui aura été fait au cours des six dernières décennies afin de retrouver
l’architecture de son architecte original, Donald Ross, et rendre le parcours
plus facile et plus diversifié pour ses membres qui en sont les principaux
utilisateurs, et non les professionnels qui y jouent un tournoi majeur au dix
ans.
Un agencement de
parcours ajusté pour la cause
Les gens qui connaissent le parcours et qui ont suivi
les tournois majeurs qui s’y sont déroulés au fil des années seront surpris de
constater que le parcours ne suit plus l’agencement des trous original créé par
son architecte. En effet, les trous qui
seront joués comme les trous 5, 6, 7, 8 et 9 pour la Coupe Ryder sont en fait
les trous 14, 15, 16, 17 et 18 que les membres jouent habituellement. Les organisateurs du tournoi ont pensé que
les véritables trous 5, 6, 7, 8 et 9 du parcours étaient situés sur une partie
du site qui se prêtait beaucoup mieux à l’installation de tentes corporatives
et d’estrades leur permettant de maximiser leurs revenus durant le tournoi. Ils
seront donc joués en tant que trous no. 15, 16, 17 et 18 pour les besoins du
tournoi.
Une longueur
symptomatique des problèmes du sport
Lorsqu’on regarde la carte des distances du parcours,
un fait saute aux yeux : la distance totale du parcours officiellement
inscrite à 7628 verges! Ceci est de plus en plus courant dans le monde du golf
professionnel, et ce fait démontre à quel point les meilleurs golfeurs au monde
sont dans une classe à part vis-à-vis des golfeurs moyens représentant plus de
99% de tous les golfeurs fréquentant les parcours. Cependant, on ne cesse de
« rénover » et d’allonger les parcours afin de leur permettre
d’accueillir des tournois professionnels et quantité de parcours récents
croient nécessaires d’offrir des parcours de plus en plus longs afin de satisfaire
cette clientèle qui est finalement extrêmement restreinte, voire bien souvent
inexistante. Combien de temps sera encore nécessaire avant que les instances
gouvernantes du sport réalisent à quel point ceci peut être néfaste pour le
jeu? À quand une balle unique de compétition pour les tournois? Les écuries de formule 1 utilisent toutes les
mêmes pneus. Pourquoi les golfeurs ne pourraient-ils pas tous utiliser une même
balle? Le golfeur moyen pourra toujours profiter des avancées technologiques
présentées par les manufacturiers. Et ceci ferait en sorte qu’on pourrait tenir
à nouveau les tournois sur une quantité importante de parcours mythiques perçus
aujourd’hui comme étant trop courts pour accueillir les meilleurs golfeurs de
la planète.
Trous à souligner
Trou no. 7
Le trou no. 7 est, pour les professionnels, une courte
normale 4 de 402 verges présentant une allée disposée de manière diagonale
vis-à-vis des tertres de départ. Ceci
est intéressant en soi, mais cette allée est également bordée à la droite par
le Lac Hazeltine, et à la gauche par un petit fossé qui longe l’allée. Les golfeurs devront user de prudence avec
leurs coups de départ et s’assurer d’avoir une trajectoire de balle de gauche à
droite afin d’éviter les problèmes. Ceux
qui seront plus téméraires et qui joueront des coups de départ héroïques
au-dessus du lac se retrouveront avec un coup d’approche beaucoup plus court vers
un vert aménagé en péninsule protégée par le Lac Hazeltine.
Trou no. 10
Lorsqu’un parcours présente des trous si longs et des
allées étroites et pincées par de nombreuses fosses de sable, les trous coudés
deviennent bien souvent les trous les plus intéressants. En effet, les golfeurs
qui osent défier le parcours pour tenter de couper les coins avec leurs coups
de départ sont susceptibles de prendre u avantage important sur ceux qui
préfèrent jouer de manière conservatrice.
Le trou no. 10 en est un bon exemple.
Un qui franchira le coin intérieur gauche du trou avec un long coup de
départ périlleux bénéficiera en plus d’une forte pente descendante dans l’allée
qui le rapprochera encore plus du vert.
Trou no. 16
Bien qu’il est triste que le trou no. 7 ne se trouve
plus en fin de parcours comme c’est le cas pour les membres du Club, le trou
no. 16 permettra sans doute de créer du suspense en fin de matches. La plus courte normale 5 du parcours, à 572
verges, sera fort probablement raccourcie dimanche, pour encourager les joueurs
à atteindre le vert en deux coups.
Ceux-ci devront cependant se méfier d’un étang qui borde directement le
vert à sa gauche. Cet étang pourra très bien mettre fin à quelques matches pour
ceux qui auront erré le moindrement avec leur coup d’approche.
Conclusion
Vous aurez compris au fil de cette chronique, que je
ne suis peut-être pas le plus grand fan du Hazeltine National Golf Club, et
vous n’êtes pas dans le tort. Bien que celui-ci présente plusieurs attraits, il est également, à mon humble avis, représentatif de certains des problèmes qui minent
aujourd’hui l’industrie du golf. Par
contre, dans le cas d’une compétition telle que la Coupe Ryder, je ne crois pas
que c’est le parcours qui fera la différence dans l’issue du tournoi. La Coupe Ryder est une compétition quasi
unique dans le monde du golf, avec la Coupe du Président, où les golfeurs
jouent en équipe, dans un format Match Play qui créé une dynamique totalement
différente à celle des tournois majeurs tels qu’on les connait. Dans cette perspective, le parcours importe
peu car c’est la trame narrative de la compétition, le patriotisme des joueurs
et la composition des équipes qui s’affronteront qui créeront tout l’effet
dramatique. Tous ces éléments sont finalement ce qui rend la Coupe Ryder si
intéressante à regarder. Et vous? Qu’en
pensez-vous? N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires! Bon
visionnement!
Yannick
Pilon Golf © 2016