mercredi 16 novembre 2011

La Coupe du Président au Royal Melbourne Golf Club


Premièrement, je dois avouer que je ne suis pas un très grand fan des tournois de golf télévisés.  Je demeure souvent blasé devant la lenteur des descriptions, le nombre élevé de publicités, et surtout, les parcours semblables fréquentés par ces tournois.  Par contre, quelques fois par année, mon intérêt est rehaussé par la tenue d’un tournoi sur un parcours qui mérite toute notre attention.  C’est le cas de la Coupe du Président tenue cette année au Royal Melbourne Golf Club, à Melbourne, en Australie; un parcours que plusieurs n’hésitent pas à qualifier du meilleur parcours de golf de l’hémisphère sud.

Même si je n’ai jamais mis les pieds sur le parcours, une simple revue de la documentation disponible sur celui-ci me fait saliver.  Il constitue sans l’ombre d’un doute l’un des parcours que j’aimerais le plus jouer au cours des prochaines années.  Pourquoi?  Parce que plusieurs leçons semblent pouvoir être tirées de l’aménagement hors-pair de ce parcours.  Voici quelques-unes de ces leçons :

Le parcours semble parfaitement intégré à son environnement
Le parcours semble avoir une esthétique propre associée à son cadre naturel.  La végétation indigène semble y être mise en valeur à partir de toutes les zones du parcours, que ce soit autour des tertres, que les couvre-sols semblent bien souvent envelopper, ou en bordure des verts et des allées, où arbustes et arbres s’entremêlent pour former des cadres variées qui paraissent complètement naturels.

Un design semblant offrir un nombre important d’options stratégiques
Les allées larges et invitantes semblent être pourvues de milliers de petites ondulations influençant le jeu à plusieurs égards.  Les golfeurs semblent donc bénéficier de plusieurs options stratégiques afin de positionner leurs coups de départ en fonction de leurs capacités, et leur désir d’attaquer les verts.  Ces derniers sont souvent protégés par une multitude de fosses de sable menaçantes, mais ils offrent également une quantité importante de zones de dégagement qui permettent aux golfeurs d’utiliser plusieurs types de coups d’approche afin de s’approcher des fanions lorsqu’ils manquent leurs coups d’approche à partir des allées.

Les fosses de sable semblent constituer de vrais obstacles
Intimidantes, mais à la fois sublimes dans leur beauté et leur configuration très particulière, les fosses de sable du parcours semblent avoir été créées par un artiste au sommet de son art, et en parfaite harmonie avec la nature.  Les fosses sont souvent taillées avec une précision inouïe en bordure des allées et des verts, tout en offrant des bordures naturelles et végétalisées du côté des zones naturelles d’où elles semblent émerger.  Le tout créé une esthétique unique répandue sur quelques autres parcours de la région.

Un entretien ciblé là où les ressources sont nécessaires
Les allées sont larges et invitantes, comme je l’ai déjà mentionné.  Lorsque notre balle se situe dans l’allée, les conditions y sont bien souvent parfaites.  Par contre, quand on manque la cible, l’herbe longue y semble bien souvent longue et de conditions variées.  Les pourtours des tertres semblent aussi laissés à une végétation indigène qui parait bien souvent constituée de couvres-sols indigènes plutôt que de gazon manucuré.  Pourquoi y consacrer des ressources si personne ne joue dans ces zones.

Plusieurs parcours pourraient s’inspirer de ces quelques éléments afin d’améliorer leur apparence et leur caractère stratégique, tout en minimisant l’entretien de plusieurs zones non-prioritaires et en rehaussant leur bilan environnemental.  Pourquoi s’en priver, si l’on peut également améliorer l’expérience de jeu des golfeurs et faire en sorte qu’ils auront un plus grand désir de revenir jouer?  Décidément, j’ai bien hâte d’avoir l’occasion de fouler les allées de ce grand Club pour pouvoir constater le tout par moi-même et m’en inspirer encore davantage dans mes futurs projets.

Quelques liens intéressants :

Pour consulter le site officiel du Club :

Pour consulter la carte officielle du parcours pour le tournoi :

Pour une description du Parcours Ouest et ses trous les plus mémorables :

Pour une discussion et plusieurs photographies du Parcours Ouest :

Pour visualiser le Club et ses deux parcours à l’aide d’une photo aérienne :

©Yannick Pilon Golf 2011

lundi 26 septembre 2011

Yannick Pilon Golf dans La Presse Affaire

C'est aujourd'hui que paraît un bel article d'Isabelle Massé sur Yannick Pilon Golf dans La Presse Affaire.  La Presse Affaire est un magazine paraissant quatre fois par année encarté dans le journal La Presse.

L'article résume bien le travail que je fais et la vision que j'ai envers l'architecture de golf en général.  Je vous invite à le lire, ici même, en cliquant sur les photos, ou a vous procurer un exemplaire de La Presse!  Merci à Isabelle Massé et l'équipe de La Presse Affaire pour cette belle visibilité.






©Yannick Pilon Golf 2011

vendredi 16 septembre 2011

Revue de Parcours: Ballybunion Golf Club - Cashen Course

Ballybunion, Comté de Kerry, Irlande
Architecte : Robert Trent Jones (1982).

Trou no. 7 à partir de l'arrière du vert.
Ce n’est qu’en 1982 que le Cashen Course du Ballybunion Golf Club voit le jour sur les terres ondulées au sud du Old Course. C’est avec une grande fierté que l’on a confié au célèbre architecte Robert Trent Jones la tâche de concevoir le parcours. Ce dernier était alors au sommet de sa renommée, et il était très populaire pour ses difficiles parcours aux États-Unis. Lorsque ce dernier vit le site pour la première fois, il fut impressionné par tant de beauté et déclara que c’était là le meilleur site de type links qu’il fut donné de voir dans sa vie, et probablement le meilleur site de type links au monde! Rien de moins! Une fois le parcours complété, il déclara également être confiant que quiconque viendra visiter le parcours sera autant excité que lui par la « majesté unique de ce parcours vraiment inoubliable ».

Le parcours

Inoubliable, le parcours l’est sans aucun doute. Par contre, il est utile de se demander s’il est inoubliable pour les bonnes raisons. En effet, peu de parcours suscitent autant de réactions mitigées que le Cashen Course du Ballybunion Golf Club. Spectaculaire, soit, mais trop difficile, voire même injouable aux yeux de certains, les réactions sont souvent très polarisées. C’est après avoir lu une série de commentaires variés sur le parcours que j’ai su que j’aurais l’occasion d’y jouer. Ce n’était pas le parcours qui m’attirait le plus parmi tous ceux prévus à mon voyage, mais je dois avouer que j’étais tout de même intrigué….
 
Et bien finalement, je me dois également d’avouer que je n’ai finalement pas eu la chance de jouer le parcours, puisqu’à la place, j’ai pu jouer le Old Course à deux occasions. Ce fut donc un mal pour un bien! Par contre, j’ai pu faire une tournée attentive du Cashen Course, et ce sont les impressions qui m’ont marquées dont je vous ferai part aujourd’hui.

Le parcours commence par une série de trous vastes occupant les parties les plus plates du site. Il semble y avoir amplement de place pour négocier le parcours sans trop de difficultés, mis à part les verts qui apparaissent rapidement comme étant minuscules, sans même avoir à les jouer…. Les premiers trous descendent donc tranquillement vers le sud du site pour atteindre une pointe où se trouvent trois trous parallèles croisant tous trois une vallée qui offre des coups de départ surélevés vers des allées en contrebas. De là, tous les coups d’approche sont en montées vers des vers petits, et parfois même capricieux. On atteint ensuite le bord de la mer pour la première fois au trou no. 7, et on n’y retournera plus jusqu’au vert du trou no. 10. Le premier neuf se termine avec deux longs trous encore une fois très vastes et dépourvus de caractère véritable malgré de larges ondulations.

Le neuf de retour offre un caractère très différent. Soudainement, on se retrouve parmi des dunes d’une amplitude surprenante. Les trous sont de plus en plus encadrés par des murs de fétuque oppressants et des ondulations qui donnent le vertige! On bénéficie de plus de contacts avec l’océan aux trous no. 10, 11, 16 et 17, mais ces contacts sont de courte durée. La majorité des trous se trouvant au cœur d’un complexe de dunes offrant parfois des trous qui sont soit dangereusement proches les uns des autres, soit très difficiles compte tenu des coups demandés et des verts qui demeurent minuscules pour toute la durée du parcours…. De retour au chalet, je me suis demandé comment j’aurais négocié un tel parcours, et si j’y aurais survécu!

Points forts

Ce n’est pas surprenant que le Club mette de l’avant le parcours Cashen dans la plupart des publicités du parcours, puisque ce dernier offre sans aucun doute les vues les plus spectaculaires des deux parcours. Les verts des trous no. 16 et 17 sont littéralement suspendus au bord de l’océan et donnent l’impression de bientôt vouloir s’y écrouler. Les dunes du parcours sont si immenses qu’on s’y croirait par moment sur une autre planète.

Évidemment, vous l’aurez probablement déjà deviné, mais le parcours est également tout un défi de golf. Certains considèreront ceci comme une des forces du parcours, tandis que d’autres le considèreront surement comme trop difficile. Impossible pour moi de me prononcer clairement puisque je ne l’ai finalement pas joué, mais j’aurais tendance à croire que les très bons golfeurs apprécieront le défi, tandis que les autres en ressortirons marqués et abattus par le choc brutal qu’ils viennent de vivre.

Il est également à noter que c’est le seul parcours de mon voyage où nous avons été encouragés à prendre une voiturette pour jouer. Ceci pourra plaire aux golfeurs habitués à jouer avec des voiturettes, ou à ceux qui n’ont plus la capacité physique de marcher dix-huit trous sans trop se fatiguer. Ce n’est que lorsque nous avons finalement vu le parcours que nous avons compris pourquoi on nous encourageait ainsi : c’est un parcours extrêmement ondulé.

Points faibles

Malgré l’aspect souvent grandiose du parcours et ses vues parfois impressionnantes de l’océan et des environs, plusieurs points faibles ont vite attiré mon attention. En effet, les verts sont pratiquement tous trop petits, offrant des cibles parfois impossibles à atteindre si le vent se lève, à moins de faire un coup tout simplement parfait. L’échelle immense du parcours est également en parfaite contradiction avec les fosses de sable qui apparaissent microscopiques et incongrues dans un tel environnement. Les tertres de départ sont, par ailleurs, souvent juchés au sommet de promontoires peu esthétiques, ou peu aménagés de manière appropriée.

L’agencement des trous du parcours est également curieux. Il donne l’impression que l’architecte du parcours est tombé amoureux de certains endroits du parcours, et qu’il a tout fait pour que certains trous s’y rendent, sans toutefois s’assurer que cela était dans le meilleur intérêt du reste des trous. En effet, certains trous sont dangereusement près les uns des autres, tandis que d’autres trous sont séparés par de longues marches qui laissent les golfeurs confus.

Un bon exemple de sentier horrible au trou no. 12.
La possibilité de prendre des voiturettes amène aussi son lot de problèmes. En effet, des sentiers sont souvent nécessaires pour faire évoluer les joueurs sur le parcours, mais la sévérité du site rend souvent ceux-ci horribles d’un point de vue esthétique, ou carrément nuisible par rapport au jeu. On sort donc du parcours avec une impression que le parcours a été un peu forcé sur son site, et qu’on l’a aménagé rapidement, avec des moyens restreints et peu de considérations esthétiques et pratiques.

Trous à souligner

Trou no. 5
Le trou no. 5 est une courte normale 4 d’à peine 314 verges du tertre de départ arrière, mais elle présente un vert unique qui compliquera la tâche des golfeurs. En effet, le vert est un simple petit plateau de huit verges de profondeur par trente deux verges de largeur, littéralement suspendu au bord d’un escarpement, et bordé à l’arrière par un autre escarpement tout aussi imposant. Je peux facilement imaginer des golfeurs trop téméraires faire tomber leurs coups roulés en bas de l’escarpement. Comment approcher ce type de vert? De front, en utilisant l’escarpement à l’arrière du vert pour arrêter les coups trop longs, ou par la côté, avec un coup de départ plus long mais permettant de négocier l’approche du vert en utilisant toute sa largeur. Seule l’expérience le dira!

Trou no. 15
Le trou no. 15 est une normale cinq qui s’engouffre au cœur d’une large dépression située au centre de dunes incroyablement grandes qui créent pratiquement un sentiment d’oppression chez les golfeurs. Le coup de départ s’effectue en montée graduelle vers une allée partiellement aveugle qui finit par littéralement descendre telle une cascade vers le fond de cette immense dépression. Une fois au fond du gouffre, le troisième coup doit remonter la pente vers un vert minuscule protégé sur trois côtés par des pentes abruptes drapées de gazon court. Tout coup imprécis sera durement pénalisé puisque les dépressions qui ceinturent le vert servent également de sentiers pour voiturettes pour atteindre l’arrière du vert.

Trou no. 16
Le trou no. 16 est l’un des trous « signature » du parcours. Bien que je n’aime pas cette expression, c’est bien le cas ici, puisque le vert de ce trou est bien illustré dans pratiquement toutes les publicités du parcours. Le tout est spectaculaire, il n’y a aucun doute, mais ce que les photographies ne montrent pas, c’est que toutes les voiturettes circulant sur ce trou doivent pratiquement circuler sur le côté droit du vert pour atteindre le sentier qui mène au trou suivant, et que l’allée est essentiellement un large sentier gazonné. Ceci laisse des abords de vert extrêmement compactés et souvent dépourvu de gazon….

Ce que je retiens du parcours

Même si un site peut paraître à première vue spectaculaire, cela ne veut pas nécessairement dire qu’il produira un grand parcours. Dans le cas du Cashen Course, j’ai l’impression que l’on a voulu en faire trop sur un site qui ne permettait pas de répondre aux ambitions de l’architecte et/ou du Club. Trop de parties du parcours semblent disjointes, trop de marches semblent longues et trop de trous semblent forcés sur leur emplacement pour que le tout puisse s’absorber de manière cohérente et puissante tout au long du parcours. Des rumeurs font état que le Club cherche à redessiner le parcours, ou du moins, à le rénover pour le rendre plus attrayant pour les membres et les visiteurs. Chose certaine, j’aimerais bien mettre la main sur une carte topographique du parcours pour voir s’il n’y a pas d’autres possibilités inexploitées sur ce site pour rendre le parcours plus agréable à jouer, quitte à y perdre quelques verges au passage, ou à en réduire la normale s’il le faut.

Le verdict

Le Cashen Course du Ballybunion Golf Club est souvent perçu comme le petit frère du Old Course. À bien des égards, il est également reconnu comme un parcours inférieur à son illustre voisin. C’est définitivement un parcours à expérimenter si l’on dispose de quelques jours dans la région, et que l’on n’est pas trop disposé à faire beaucoup de route pour aller jouer d’autres parcours peut-être plus intéressants. Quelques trous uniques et les paysages spectaculaires resteront certainement gravés dans votre mémoire, pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Mais dans le cadre d’une visite rapide de l’Irlande, je recommanderais définitivement d’arrêter à Ballybunion pour y jouer le Old Course, mais de continuer mon chemin par la suite vers Lahinch, plus au Nord, ou Waterville, plus au sud.

©Yannick Pilon Golf 2011

jeudi 8 septembre 2011

Club de Golf Les Boisés de Joly dans le Journal de Québec

Voici un article paru récemment dans le Journal de Québec concernant le Club de Golf Les Boisés de Joly. Le journaliste Martial Lapointe semble inspiré par le design du parcours, même s'il est bien conscient que plusieurs efforts restent à faire pour amener celui-ci à un niveau de maturité intéressant.

C'est toutefois inspirant de lire un article portant sur un parcours de golf dans lequel on parle de stratégie, et que l'on mentionne "qu'il y a des trous originaux, inspirés, qui rendent la partie intéressante". Généralement, des articles semblables mettent plutôt l'accent sur le nombre d'étangs en jeu, sur la longueur du parcours et le nombre de tertres de départ qu'on y retrouve....

Merci à Martial Lapointe pour son article et ses commentaires appropriés, mais surtout, bravo à tous les intervenants qui ont fait de ce parcours un parcours surprenant et, effectivement, plein de promesses!

©Yannick Pilon Golf 2011

mardi 19 juillet 2011

Yannick Pilon Golf sur le bord du Pont Jaques Cartier!!

Jamais je n'aurais imaginé voir une de mes oeuvres sur un "billboard" un jour. Encore moins sur le bord du Pont Jacques Cartier, juste derrière le fameux panneau où Marie-Chantale Toupin nous demandais en début de carrière de la regarder "droit dans les yeux".... C'est pourtant ce que j'ai trouvé aujourd'hui en me rendant au Parcours du Cerf pour une visite de chantier! En espérant que cette publicité aura le même impact sur ma carrière!!

Le trou en question est le trou no. 3 du Parcours Verchères du Club de Golf de la Vallée du Richelieu.

Je dois avouer que ce moment surréel arrive en deuxième position dans mes moments surréels de l'année 2011, tout juste derrière le fait de m'être fait demander un autographe par un golfeur pour la première fois, lors de l'ouverture officielle du Club de Golf Les Boisés de Joly!

©Yannick Pilon Golf 2011

vendredi 8 juillet 2011

Plan d'Ensemble: Ballybunion Golf Club - Old Course

Ballybunion, Comté de Kerry, Irlande
Architecte : Tom Simpson (1936).


Ce qui est intéressant avec l’agencement des trous de ce parcours, c’est la manière avec laquelle on joue tout d’abord les trous les moins intéressants du parcours, avant d’arriver au bord de l’océan Atlantique. Remarquez bien ici, la présence de la route qui longe le parcours, ainsi que toutes les résidences qui sont bien en évidence sur les 6 premiers trous.

Ce n’est qu’une fois arrivés sur le bord de l’océan que le parcours prend tout son envol. Ensuite, le parcours « flirte » avec le bord de mer, avant de disparaître dans les terres l’espace de quelques trous, pour mieux y revenir ensuite. Ce va et vient se répète 4 fois, pour le plus grand plaisir des golfeurs.

Une autre particularité qui en feraient jaser plusieurs si cette situation se trouvait au Québec, est le fait qu’à trois occasions, l’on doit frapper au-dessus du vert précédent pour atteindre l’allée du trou en cours. Cette situation se retrouve aux trous nos. 4 et 5, et dans une moindre mesure, au trou no. 18. Bien qu’il ne fasse aucun doute que ces situations sont potentiellement dangereuses, personne ne semble faire de cas avec celles-ci. Les golfeurs sont, semble-t’il, assez prudents pour qu’il n’y ait pas d’accidents…. Ce n’est qu’une autre particularité des parcours Écossais et Irlandais : on utilise le terrain à son plein potentiel, même si l’on doit briser certaines règles en cours de route.

©Yannick Pilon Golf 2011

mercredi 6 juillet 2011

Revue de Parcours: Ballybunion Golf Club – Old Course

Ballybunion, Comté de Kerry, Irlande
Architecte : Tom Simpson (1936).

Nommé en l’honneur de la famille Bunion, qui était alors propriétaire du château local datant du 15e siècle, le Ballybunion Golf Club est judicieusement positionné à travers une série de dunes immenses qui sont disposées de manière aléatoire en bordure de l’océan Atlantique.

Fondé en 1893, le parcours est alors critiqué par l’Irish Times comme étant « un endroit rempli de lapins en bas du village où la patience des golfeurs est continuellement mise à l’épreuve et où une réserve inépuisable de balles est nécessaire ». Le club ferma quelques années plus tard suite à une série de problèmes financiers avant d’être ravivé en 1906 par Lionel Hewson, l’éditeur du magazine Irish Golf, qui accepta d’y aménager un parcours de neuf trous.

Vingt ans plus tard, le parcours fut allongé à dix-huit trous, mais ce n’est qu’en 1936 que l’on demanda à Tom Simpson de renforcir le parcours pour créer celui que l’on connait aujourd’hui. À la fin des années soixante, les terres situées au sud du Old Course furent acquises par le Club dans l’espoir d’y développer un nouveau parcours. Ce n’est qu’en 1982 que celui-ci verra le jour, grâce au design du célèbre architecte Robert Trent Jones, à l’époque très populaire pour ses difficiles parcours aux États-Unis.

À l’époque, le trou no. 5 actuel était le dix-huitième trou, mais le nouveau parcours nécessita l’ajout d’un nouveau chalet pouvant servir les deux parcours. Ainsi, on renumérotera les trous pour leur donner leur configuration actuelle. Ce changement fut, à mon humble avis, très productif. En effet, le parcours se termine maintenant avec les trous les plus spectaculaires du parcours, tandis qu’il se concluait avant sur les deux trous les moins inspirants!

Le parcours


Ce parcours était celui que j’attendais avec le plus d’impatience lors de mon voyage. C’est en effet un parcours mythique qui symbolise avec force le golf Irlandais. Puisqu’il a été classé 18e meilleur parcours au monde par le magazine Golf Digest en 2010, on est en droit de s’attendre à une expérience mémorable. Inutile de dire que dans de telles circonstances, il est plus facile de décevoir que d’excéder les attentes! Pourtant, je peux maintenant vous affirmer que le parcours réussit à séduire à presque tous les points de vue.

Le parcours débute tranquillement avec quelques-uns des trous situés sur les portions les moins ondulées du parcours. Ces trous sont bordés d’une route et de résidences qui nuisent quelque peu à l’expérience. Cependant, au trou no. 6, on quitte cette route pour ne plus y revenir. C’est à partir de ce point que le parcours prend définitivement son envol avec une succession de trous mémorables et bien souvent difficiles. L’agencement des trous nous amène au bord de l’océan, avant de revenir vers l’intérieur des terres l’espace de quelques trous. Ainsi, le trou no. 7 longe l’océan, alors que les trous 8 et 9 s’en éloignent. On y revient au vert du trou no. 10, et le trou no. 11 longe à son tour l’océan… Ce va et vient en bordure de l’océan se poursuit ainsi jusqu’à la fin du parcours, mais parmi des dunes qui deviennent de plus en plus grandes à mesure que le parcours progresse.

Ceci contribue à donner un rythme particulier au parcours. Alors que les trous se succèdent avec une variété étonnante, ceux-ci paraissent de plus en plus impressionnants à travers les dunes. On assiste alors à un crescendo qui culmine avec le dix-huitième trou qui remonte dramatiquement au chalet après avoir débuté sa course au bord de l’océan. Les vues, à partir de la terrasse, y sont d’ailleurs fort spectaculaires….

Points forts

Plusieurs points forts définissent le Old Course à Ballybunion. Premièrement, le décor parmi les dunes majestueuses et en bordure de l’océan ne peut qu’impressionner. Malgré quelques trous plus faibles (dans les circonstances) en début de parcours, celui-ci gagne en force au fil des trous qui se succèdent en crescendo qui culmine avec les trous 16, 17 et 18 qui serpentent au centre des plus grandes dunes du site, tout en offrant des vues spectaculaires.

Cependant, à mon humble avis, malgré les paysages spectaculaires et ce crescendo peu commun dans le monde du golf, deux éléments font vraiment la force de ce parcours. Premièrement, le design des verts est tout simplement sans failles. Ceux-ci sont variés et difficiles à approcher et négocier. Plusieurs sections de ces derniers repoussent les coups qui ne sont pas parfaits pour les faire bifurquer vers toutes sortes de dépressions et de zones basses à partir desquelles les petits coups d’approche offrent plusieurs possibilités.

Deuxièmement, c’est l’intégration parfaite du parcours sur son site naturel qui fait toute sa force. L’architecture du parcours est toute en subtilités et en respect de l’environnement. Les fosses sont présentes en quantité sur les trous où la topographie est plus douce, et elles sont quasi absentes sur les trous où la topographie prend le dessus. En effet, pourquoi multiplier les fosses quand le terrain offre autant de challenge en lui-même?

Points faibles

Comment trouver des points faibles sur un parcours si spectaculaire et inspirant? Ce n’est pas une chose facile. Certains diront que c’est un parcours trop difficile pour le commun des mortels. Ils n’auront peut-être pas tort, mais l’expérience en vaut la chandelle. Certains diront également que le parcours n’est pas facile à marcher, compte tenu de ses innombrables changements de niveaux. Ils auront également raison, particulièrement pour les gens plus âgés ou peu en forme. L’utilisation d’un cadet peut donc s’avérer ici être une bonne idée, surtout pour les premières visite où l’on découvre le parcours.

Je suggère également de jouer le parcours en matinée, ou de ne jouer que 18 trous durant cette journée pour mieux en profiter. Ma première partie sur le parcours fut jouée après une première ronde en matinée, et près de quatre heures de route. Inutile de dire que j’étais passablement fatigué en milieu de parcours et que j’ai eu besoin de mon deuxième souffle pour compléter!

Trous à souligner

Trou no. 2
Après un premier trou plutôt ordinaire, à part pour le fait qu’un cimetière est en jeu sur le coup de départ (!!), le parcours démontre rapidement de quel bois il se chauffe avec une difficile normale 4 qui grimpe au sommet d’une dune qui doit atteindre près de 40 pieds de haut! Un coup de départ long et précis est ici nécessaire pour espérer atteindre le vert sur son deuxième coup. La moindre erreur fera en sorte que notre position de frappe sera inégale, et ou que le vert ne sera pas visible à cause des grandes dunes qui en obstrueront la vue. Une normale est un accomplissement en soi sur ce trou!

Trou no. 6
D’une simplicité déroutante, ce trou se démarque des autres grâce à son vert diabolique. En effet, aucune fosse de sable, aucune particularité topographique imposante ne vient le marquer. Celui-ci est tout simplement composé d’une allée coudée vers la gauche qu’il est bien tentant de couper avec son coup de départ, et d’un vert placé en légère diagonale de gauche à droite. Quel est donc l’attrait? Le vert ne peut être atteint qu’avec un coup précis et provenant d’un angle d’attaque précis, situé du côté droit de l’allée. Ceci est d’ailleurs contre-intuitif compte tenu de la disposition de l’allée qui invite à raccourcir le trou en frappant vers la gauche de l’allée. Tous les coups d’approche provenant du côté gauche de l’allée devront négocier avec les pentes du vert qui ont tendance à repousser les coups trop courts, trop longs, ou peu précis, laissant ainsi les golfeurs avec des petits coups d’approche très difficiles à accomplir.

Trou no. 8
Le trou no. 8 est tout simplement l’une des meilleures normales trois que j’ai vues dans ma vie. Le décor n’y est pas spectaculaire – on est entouré de deux verts temporaires qui sont parfois utilisés pour les trous no. 7 et 8 lors de certaines parties de la saison – et la topographie ne l’est pas plus; les plus grosses dunes se trouvant plus loin sur le parcours. C’est le nivellement du vert qui fait toute la différence. Celui-ci est mince et profond, et il est entouré de fosses de sable et de monticules rasés qui font soit rebondir la balle vers le centre du vert, soit rebondir les balles dans des positions compromettantes demandant des petits coups d’approche extrêmement imaginatifs et variés. Quoi demander de mieux? Il faut le voir pour le croire!

Trou no. 11
Le trou no. 11 est célèbre à travers le monde pour son allée extrêmement ondulée en bordure de l’océan et son vert partiellement dissimulé derrière un entonnoir formé par deux immenses dunes qui stopperont tous les coups d’approche frappés hors ligne ou à court du vert. Ne soyez pas étonnés de vous sentir comme une chèvre de montagne si vous n’atteignez pas le vert avec votre coup d’approche! Aussi bien tenter de frapper au-delà du vert pour être certain de ne pas être à court. Ceci n’est cependant pas une mince tâche compte tenu des vents qui soufflent continuellement sur le parcours, et le fait que le trou mesure 473 verges des tertres de départ arrière….

Trou no. 12
Imaginez : une normale trois de 214 verges en pente ascendante très forte, avec un vert minuscule situé au sommet d’une dune imposante…. Ça semble trop difficile pour vous? Je ne vous ai pourtant pas encore mentionné le vent qui souffle à partir de l’océan, et le fait que le devant et le côté droit du vert sont si pentus qu’il est difficile d’y grimper avec nos sacs de golf…. Je me répète, mais encore une fois, il faut le voir pour le croire! Je ne jouerais pas ce trou à répétition, mais je dois admettre qu’il est unique en son genre. Une normale réussie ici grâce à un coup de départ miraculeux constitue l’un des points forts de mon voyage!

Trou no. 15
Le trou no. 15 est une autre normale trois mémorable qui est, à plusieurs égards, l’inverse du trou no. 12. Celle-ci est aussi longue, à 216 verges, mais cette fois, elle débute au sommet d’une dune, avant de terminer au bas d’une dépression en forme d’amphithéâtre avec un vert immense séparé en deux paliers distincts par une forte pente. Le tout semble très intimidant et le coup de départ doit, encore une fois, être parfait. Le décor impressionne également. On y voit l’océan, en arrière plan, ainsi que le trou no. 16 qu’il est d’ailleurs fort utile d’observer avant de quitter le tertre de départ….

Trou no. 16
La dernière normale cinq du parcours semble une proie facile, avec une distance d’à peine 509 verges. Ce n’est que lorsque l’on constate la présence du vert au sommet d’une autre forte montée que l’on comprend que la partie ne sera pas aussi facile que prévue. Le trou présente une forme fortement coudée vers la gauche. Il est donc très tentant de vouloir couper le coin du trou pour se rapprocher du vert. Une grosse dune ainsi que deux profondes fosses de sable protègent cependant le coin intérieur du trou. Il faut donc être long et précis pour espérer apercevoir le vert au sommet de la pente. L’immensité des dunes qui bordent les deux côtés de l’allée donnent un sentiment d’oppression rarement rencontré dans le monde du golf en plus de capter les balles frappées hors ligne avec leurs pentes garnies de fétuque.

Ce que je retiens du parcours

Que peut-on retenir de ce parcours pour l’aménagement de nouveaux parcours? Plusieurs choses. Premièrement, l’agencement des trous d’un parcours contribue grandement à sa qualité. Les trous du Old Course ont été placés dans des endroits propices qui ont contribué à les rendre mémorables, en utilisant toutes les particularités naturelles du site. Ensuite, le design fantastique des verts a permis de rehausser la qualité des trous situés sur les parties les moins intéressantes du site, jusqu’à en faire des trous intéressants, comme par exemple, le trou no. 6. Enfin, l’architecte a su doser ses interventions en plaçant ses obstacles uniquement aux endroits où ceux-ci étaient nécessaires pour rehausser la qualité du parcours. Ainsi, plusieurs trous offrent peu de fosses de sable, compte tenu que la topographie y joue un rôle très important.

Le verdict

Évidemment, il est impossible de ne pas rester marqués par le paysage imposant que présente le Old Course du Ballybunion Golf Club. Mais au-delà de ce paysage marquant, il y a des trous de golf qui tirent le maximum de ce que le site peut offrir. J’ai particulièrement apprécié le travail de l’architecte, Tom Simpson, qui a su localiser les trous avec une main de maître appréciable sur ce site qui peut paraître, par endroits, impossible tellement il est ondulé. Le fait d’avoir modifié l’ordre des trous au début des années 1980 pour relocaliser le chalet à son emplacement actuel fait en sorte que le parcours se termine maintenant avec les trous situés dans les dunes les plus spectaculaires. Ceci fait en sorte que l’on a l’impression d’avoir vaincu une bête lorsque l’on revient finalement, épuisés, au chalet pour se prendre une Guiness bien fraîche. Oui, le parcours est difficile (du moins pour un golfeur de mon calibre!), mais il offre des coups uniques et spectaculaires qui sont amusants à tenter, tout en étant mémorables. Mérite-il sa place au sommet des palmarès des meilleurs parcours de golf au monde? Sans aucun doute. Tout bon voyage de golf qui se respecte en Irlande devra inévitablement comprendre un arrêt à Ballybunion.

©Yannick Pilon Golf 2011

samedi 25 juin 2011

Revue de Parcours: Waterville Golf Links

Waterville, Comté de Kerry, Irlande
Architecte : Eddie Hackett, John A. Mulcahy & Claude Harmon (1973), Tom Fazio (2006).

Le golf est joué à Waterville depuis 1889, lorsque des techniciens travaillant sur le premier câble transatlantique relayant des messages entre l’Amérique et l’Europe ont conçu les bases de ce qui allait devenir plus tard l’un de meilleurs parcours d’Irlande et du reste du monde. Ce n’est que beaucoup plus tard que l’on pourra cependant jouer au golf sur 18 trous à Waterville. En effet, ce n’est qu’à la fin des années soixante qu’un américain d’origine Irlandaise, John A. Mulcahy, arrive dans la région avec le projet d’y construire le « links » le plus difficile au monde!

Pour compléter son projet, Mulcahy s’entoure d’Eddie Hackett, célèbre architecte de golf irlandais, ainsi que de Claude Harmon, un ami personnel gagnant du Masters en 1948 et professionnel en titre du Winged Foot Golf Club situé dans l’état de New-York. Le nouveau parcours ouvre donc ses portes en 1973 avec deux parcours de neuf trous aux caractères différents; le premier neuf se trouvant sur des terres plus humides et plates, tandis que le neuf de retour serpente à travers de larges dunes majestueuses. Le parcours devient alors rapidement un favori des golfeurs locaux et des touristes visitant la région.

En 1987, le parcours devient la propriété d’un groupe d’américains qui vise à amener celui-ci à un autre niveau d’excellence. Pour ce faire, les services de l’architecte américain Tom Fazio sont retenus pour redessiner le parcours et rehausser le caractère du premier neuf qui souffrait des comparaisons avec le neuf de retour, perçu comme étant beaucoup plus spectaculaire.

Le parcours

Dès nos premiers pas sur le parcours, on décèle le travail méticuleux d’un architecte au sommet de son art. Un champ de pratique impressionnant nous accueille avec une série de cibles sculptées et un décor des plus spectaculaires. Tout, ici, est bien entretenu et bien présenté. Même les conditions de jeu semblent meilleurs qu’ailleurs, sur les autres links de la région. On sent l’influence américaine des propriétaires qui ne doivent pas lésiner sur les moyens pour offrir le meilleur parcours possible aux visiteurs.

Le parcours débute doucement, avec un trou nommé « Last Easy ». Disons que le ton est donné pour la suite des choses! Le deuxième trou se rend ensuite au bord de l’estuaire de la rivière Inny au bord de laquelle se trouve également le troisième trou. Le parcours prend ensuite un peu plus de momentum avec une normale trois à travers la première série de dunes du parcours. Le neuf d’aller se met ainsi à serpenter à travers une série de fausses dunes bien créées par l’architecte et son équipe de « shapers » (les artistes du bulldozer). On se surprend pourtant à se demander ce qui fait de ce parcours l’un des meilleurs au monde. Les trous y sont tous bons, mais font-ils vraiment partie de l’élite mondiale? Et que dire du trou no. 6, une nouvelle normale 3 de Fazio sculptée dans de fausses dunes et complétée par un fossé de drainage aménagé de manière artistique, mais semblant sortir d’un paysage floridien?

On aura vite la réponse. C’est vers la fin du neuf d’aller que le parcours prend littéralement son envol pour offrir du golf qui deviendra rapidement mémorable. Après une série de quatre normales quatre solides, les trous no. 11 et 12 forment un duo du tonnerre qui pourra créer beaucoup de dommages sur les cartes de pointage. Les trous 13 et 14 reviennent dans la zone plus plate du parcours, mais en offrant du golf inspiré, tandis que les trous 15 à 17 remontent à des sommets de qualité inégalés jusqu’ici. Ce n’est qu’au trou no. 18 où l’on sent que l’espace à manqué légèrement, avec une normale 5 à l’allée très étroite, coincée entre le trou no. 10 et la plage O’Grady, située à sa droite et définitivement en jeu sur toute la longueur du trou.

Points forts

Le Waterville Golf Links comporte plusieurs attraits de taille qui en font l’un des parcours incontournables de l’ouest de l’Irlande. Le neuf de retour du parcours est sans aucun doute l’un des meilleurs d’Irlande. Des trous spectaculaires et intéressants s’y succèdent à un rythme effréné qui laisse les golfeurs à bout de souffle.

Les paysages y sont certainement pour quelque chose. En effet ceux-ci sont spectaculaires et ils contribuent à l’attrait du parcours. D’une manière semblable à Dooks, le parcours est entouré d’éléments naturels attrayants. Situé sur une péninsule créée par la combinaison de la plage O’Grady et la Baie de Ballinskelligs à l’ouest et au sud, et l’estuaire de la rivière Inny au nord, le parcours est également ceinturé des montagnes McGillicuddy Reeks qui entourent le village de Waterville.

Certains diront que c’est l’un des parcours de type « links » les mieux entretenus. Ceci n’est pas surprenant lorsque l’on sait que les développeurs et propriétaires actuels du parcours sont majoritairement américains. Ceci fait en sorte que les conditions de jeu y sont irréprochables. On pourrait également dire la même chose de l’attrait esthétique du parcours. Les superbes conditions de jeu combinées à une architecture où l’esthétique est mise de l’avant, contribuent à laisser une superbe impression dans la tête des golfeurs lorsqu’ils quittent le parcours. Tom Fazio est parfois critiqué pour ses choix architecturaux, mais il est également fortement apprécié pour ses talents à créer des parcours à l’esthétique sans reproche. À Waterville, il ne fait aucun doute que la mission a été accomplie avec brio.

Points faibles

Il est difficile de trouver des points faibles à un parcours qui présente autant d’attraits, mais il y en a tout de même. Même si ses ondulations naturelles et ses dunes sont impressionnantes – particulièrement sur le neuf de retour – le parcours souffre cependant d’un manque de punch au point de vue architectural. On sent que Tom Fazio et son équipe ont vraiment tenté de pousser la parcours à un nouveau sommet d’esthétisme et d’attrait général en construisant de toute pièce des dunes et des ondulations de terrain qui viennent unifier l’apparence des deux neuf du parcours, mais on peut cependant douter de leurs choix architecturaux.

Par exemple, au trou no. 2, de nombreuses fosses de sable bordent le côté droit du trou, défiant ainsi les golfeurs sur les coups de départ. Par contre, on se rend vite compte que de défier ces fosses ne rapporte pas les avantages escomptés, le vert étant beaucoup plus favorable aux approches provenant du côté gauche de l’allée.

Un scénario semblable se poursuit au trou no. 3 : l’estuaire est bien en jeu sur le coup de départ et sur l’approche, mais les golfeurs n’obtiennent aucun avantage à s’en approcher; le vert étant ouvert pour tous les types d’approches, peu importe leur provenance. Le côté gauche de l’allée est quant à lui protégé par quatre fosses de sable, mais celles-ci semblent avoir une plus grande valeur esthétique que stratégique.

Néanmoins, ceci ne demeure qu’une question de préférences. La majorité des golfeurs ne remarqueront probablement jamais ces « faiblesses » car ils seront trop occupés à apprécier leur expérience. D’autres exemples semblables aux trous no. 2 et 3 pourraient être identifiés, mais je pense qu’on comprend le principe de la critique à ce point de vue. La deuxième moitié du parcours est située sur des dunes si imposantes que l’architecture passe au second plan, la qualité du parcours étant alors plus définie par la localisation des trous et leur intégration à l’environnement naturel du parcours, plutôt que par leur architecture.

Trous à souligner

Trou no.7
Plusieurs bons trous forment le neuf d’aller du parcours, même si aucun d’entre eux n’est aussi spectaculaire que les meilleurs trous du neuf de retour. Cependant, le trou no. 8 constitue le point où, à mon humble avis, le parcours se met véritablement en route. Situé sur une pente légèrement ascendante, le trou prend son envol à partir d’un fossé de drainage qui laisse deviner la nature humide des sols environnants. Le coup de départ doit être négocié autour de deux profondes fosses d’allée qui protègent le coin intérieur droit du trou au sommet d’une crête, avant que le trou ne tourne légèrement vers la droite. Le vert, orienté de droite à gauche, présente aussi son duo de fosses qui complique toute approche effectuée à partir du côté gauche de l’allée. Inutile de dire que franchir les fosses de sable avec un crochet gauche-droite sur les coups de départ procure un avantage indéniable dont je n’ai malheureusement pu tirer parti….

Trou no.11
Le trou no. 11, surnommé « Tranquility », présente l’une des plus spectaculaires normale cinq de la planète avec ses dunes majestueuses et son allée ondulée située au fond d’une profonde vallée ceinturée de fétuque. Le coup de départ doit être frappé avec précision et retenue vers une allée qui prend fin abruptement à environ 260 verges des jalons blancs. Une fois cette position atteinte, le golfeur fait maintenant face à une mince allée bordée dangereusement de fétuque de chaque côté. Ce n’est qu’à l’embouchure du vert que l’allée s’élargie à nouveau derrière une énorme dune pour donner une chance aux golfeurs. Ainsi, le coup d’approche devra être long et précis pour espérer atteindre la cible en deux coups, mais ceux qui ratent celle-ci auront tout de même de l’espace de manœuvre pour éviter le pire.

Trou no. 12
Le « Mass Hole » qui suit, est une normale 3 qui pourrait aussi bien être considérée comme l’équivalent Irlandais du dix-septième trou au TPC à Sawgrass; le vert étant une île minuscule au centre d’une mer mouvementée de fétuque située de l’autre côté d’une profonde dépression. À l’origine, on devait construire le vert au fond de cette dépression. Mais des religieux locaux protestèrent contre l’idée puisqu’ils affirmaient que cette dépression était en fait un lieu sacré. Le vert fut donc construit de l’autre côté de cette dépression, et il contribue à créer l’un des coups les plus spectaculaires et difficiles du parcours.

Trou no. 13
Même si le trou no. 13 revient dans la partie plus plate du parcours après les sommets atteints par les trous no. 11 et 12, je l’ai tout de même trouvé très intéressant. Cette normale 5 d’à peine 504 verges avec un coup de départ en descente offre une bonne opportunité d’oiselet, mais seulement pour les golfeurs téméraires. Le coup de départ y est très semblable à celui du trou no. 5, mais c’est sur le deuxième coup que les choses se corsent. Les angles formés par la disposition de l’allée et du vert placés derrière une série de cinq fosses de sable protégeant le côté droit du trou demande une bonne dose de jugement de la part des golfeurs. J’aurais préféré voir un peu plus d’espace derrière les cinq fosses de sable à proximité du vert pour réellement encourager les golfeurs a tenter leur chance, mais le trou offre néanmoins un défi intéressant.

Trou no. 15
Un coup de départ réussi est la clé du succès au trou no. 15. La disposition de l’allée au sommet d’une pente créé une confusion chez les golfeurs qui ne savent pas trop où s’enligner. Les dunes à la droite de l’allée donnent l’impression que le trou tourne vers la gauche, mais ce dernier est en réalité en ligne droite, avec une allée qui serpente à travers les dunes. Un coup de départ frappé avec une trajectoire de droite à gauche pourra bénéficier de la pente dans l’allée qui fera bondir les balles vers la gauche, en bas d’une pente prononcée. L’allée retourne ensuite vers la droite et monte vers un vert surélevé protégé par un large amphithéâtre composé de dunes imposantes.

Trou no. 16
L’allée du trou no. 16 est bordée à sa droite par l’estuaire de la rivière Inny qui se jette à cet endroit dans la baie de Ballinskelligs. Les vues y sont majestueuses. Un coup de départ à la droite de l’allée permettra de bien apercevoir le vert sur le coup d’approche, tout en fournissant le meilleur angle d’attaque. La partie est cependant loin d’être jouée. En effet, le vert est situé en bordure d’une profonde dépression qui garde l’ensemble de son côté droit. Toute balle frappée légèrement à court du vert reculera invariablement dans l’allée, tandis que tous les coups frappés à la droite du vert se retrouveront au bas de la dépression, d’où un coup d’approche sera compliqué par la forme linéaire du vert.

Trou no. 17
Les tertres de départ du trou no. 17 sont situés sur le point le plus haut du parcours : le « Mulcahy’s Peak ». De cet endroit, on obtient une vue panoramique des dunes qui composent une bonne partie du neuf de retour, en plus de profiter pleinement des vues de la baie et des montagnes environnantes. C’est un autre coup de départ spectaculaire qui offre cependant plus de marge d’erreur que sur le « Mass Hole ». Le vert, disposé en diagonale de droite à gauche, sera plus réceptifs aux coups frappés vers l’avant droite du vert. En effet, les coups frappés dans cette direction auront tendance à rebondir vers la gauche pour rouler vers la partie arrière du vert.

Le verdict
Il ne fait pas de doute que le Waterville Golf Links fait partie de l’élite mondiale du golf. Malgré un début en douceur, le parcours s’améliore sans cesse pour offrir des trous de plus en plus intéressants et spectaculaire au fur et à mesure que la ronde progresse. L’esthétique y est pratiquement irréprochable, tout comme les conditions de jeu qui y sont supérieures à la grande majorité de parcours de type links que j’ai foulé dans ma vie. Le fait que le parcours soit plus moderne que la plupart des links lui confère un style qui ne sera pas trop dépaysant pour les golfeurs nord-américains qui s’aventureront jusqu’à Waterville. Par contre les connaisseurs pourront ne pourront cependant que remarquer qu’il manque légèrement au parcours le charme un peu chaotique des links plus anciens qui offrent parfois des situations de jeu qui sortent réellement de l’ordinaire. Ceci étant dit, il ne fait pas de doute que le Waterville Golf Links devrait être à l’horaire de tout golfeur sérieux qui visitera la partie ouest de l’Irlande.

©Yannick Pilon Golf 2011

lundi 13 juin 2011

Revue de parcours: Dooks Golf Links

Glenbeigh, Comté de Kerry, Irlande
Architecte : Martin Hawtree (2002)


Le Dooks Golf Club a été le premier arrêt de mon voyage en Irlande. Pour être honnête, je ne savais pas grand-chose de ce parcours avant de m’y arrêter, à part du fait que le parcours a été rénové en 2002 par l’architecte britannique Martin Hawtree. Apparemment, cette rénovation a permis au Club de se bâtir une réputation enviable parmi les parcours de golf d’Irlande, bien qu’il ne soit pas encore sur l’itinéraire de la plupart des voyageurs qui préfèrent passer tout droit en route pour Waterville. J’avais donc très peu d’attentes envers ce parcours, et je me disais donc que c’était le parcours parfait à jouer après une nuit blanche sur le vol entre Toronto et Shannon.

Établi en 1889, le Dooks Golf Club est l’un des dix plus vieux parcours d’Irlande. Situé dans la baie de Dingle, et à quelques minutes à peine de la magnifique route « Ring of Kerry », le parcours est complètement ceinturé de paysages magnifiques. Au sud se trouvent les plus hautes montagnes d’Irlande, les McGillycuddy Reeks, au nord se trouve la péninsule de Dingle et sa baie magnifique, tandis qu’à l’ouest se trouve une péninsule sablonneuse sur laquelle se trouvent des dunes immenses et la plage de Rossbeigh Beach…. Tout un environnement pour jouer au golf!

Mais bon, justement, le golf? Comment est-il? Contrairement à plusieurs parcours, l’arrivée au Club ne donne absolument aucune idée de ce qui nous attend. Le chalet est situé au bas d’un talus, tandis que le premier trou et le reste du parcours s’élance du sommet de ce talus, dans la direction opposée au chalet… Plutôt intriguant comme approche. On découvrira bien vite que ce talus se transformera bientôt en pente douce qui sera en jeu sur plus de la moitié des trous du parcours. En effet, le premier neuf se déroule en montagnes russes. Les trous montent en descendent la pente dans une succession de normales 4 et 5 de difficultés variables dirigées dans un axe est-ouest. Cet alignement de trou n’est brisé que par les deux normales trois du neuf d’aller qui se dirigent toutes deux vers le nord.

Les vues à partir du parcours sont cependant magnifiques. Tout au long de notre partie, on s’approche et on s’éloigne continuellement de l’océan sans toutefois jamais vraiment le côtoyer longuement. Ce n’est qu’au trou no. 10 que l’on s’en éloigne définitivement pour toute la durée du neuf de retour.

Après quelques trous intéressants qui débutent le neuf de retour, on sent cependant un essoufflement graduel du parcours qui quitte tranquillement les terres les plus sablonneuses du site pour occuper des terres plus lourdes présentant même quelques étangs et quelques zones boisées. C’est dans cette zone du parcours que l’on trouve les trous les moins intéressants. Il est d’ailleurs dommage que ces trous soient en fin de parcours, puisque l’impression générale qui s’en dégage est beaucoup moins forte que pour les premiers trous. On quitte donc le parcours avec l’impression qu’on aurait pu s’attendre à mieux.

Points forts

Les vues spectaculaires de la mer et des montagnes environnantes à partir de tous les trous du parcours constituent un des principaux attraits du Dooks Golf Club. Le fait que le parcours monte et descend constamment une pente qui est, finalement, assez forte fait en sorte que ces vues sont accentuée tout au long du parcours. Par ailleurs, le personnel attentionné et attachant du chalet a vite fait de vous mettre bien à l’aise dans un décor qui ne laisse planer aucun doute sur le fait que l’on se trouve bel et bien dans un club de golf, même si on ne peut apercevoir le parcours à partir du chalet.

Points faibles

Dès les premiers trous du parcours, on sent déjà un « pattern » qui se dessine tranquillement. On monte et on descend la côte dans un scénario qui devient un peu lassant. Le fait que les fosses de sable se présentent très souvent en duos très semblables accentue cette impression qui fait en sorte qu’il devient difficile de se rappeler des trous que l’on vient de jouer. On sent également que Martin Hawtree a fait tout ce qu’il a pu pour étirer au maximum la longueur du parcours sur un site qui est, sommes toute, assez restreint en surface. De longues marches séparent souvent les trous et on doit souvent revenir sur nos pas pour se rendre aux tertres suivants, ce qui devient vite irritant.

Malgré la présence omniprésente de la mer sur plusieurs trous du parcours, on se sent rarement en contact direct avec celle-ci. On s’en approche et on s’en éloigne continuellement, mais on a seulement une occasion de jouer véritablement le long de la mer, au trou no. 10, et même à ce moment, on s’en éloigne encore une fois rapidement et pour de bon. En effet, après avoir quitté le vert du trou no. 10, le parcours se poursuit à l’intérieur des terres et offre encore quelques bons trous. Mais la majorité de ceux-ci sont derrière nous, et les derniers trous s’essoufflent légèrement sur la partie la moins intéressante du site.

Trous à souligner

Trou no.2
Le trou no. 2 confronte rapidement les golfeurs avec la pente forte qui affecte tous les trous du neuf d’aller. En pente ascendante, cette courte normale quatre mène à un vert capricieux et surélevé qui est très difficile à tenir avec les coups d’approche. Par contre, une fois sur le vert, les golfeurs sont récompensés par l’une des vues les plus spectaculaires du parcours, avec un panorama s’étendant sur près de 270 degrés.

Trou no. 6
Le trou no. 6 est une normale cinq de longueur moyenne située en grande partie sur une pente descendante qui permet de se placer en bonne position pour atteindre le vert en deux coups précis. Le coup de départ devra négocier avec un duo de fosses de sable, mais une fois celui-ci vaincu, il restera un coup d’approche particulièrement intéressant à travers une série de fosse de sable qui protège toutes les trajectoires d’approche, à moins d’être extrêmement précis.

Trou no. 10
Le trou no. 10 offre la seule chance d’évoluer sur le bord de l’océan qui est en jeu sur le coup de départ. On s’éloigne ensuite rapidement de l’océan avec un deuxième coup qui bifurque vers la droite dans une diagonale qui laisse les golfeurs perplexes. À quel point peut-on couper le coin du trou afin de s’approcher du vert? Quels sont les risques encourus? Difficile à dire pour les golfeurs qui en sont à leur première visite sur le parcours. Le vert offre lui aussi une vue superbe de la baie de Dingle.

Trou no. 11
Cette normale trois présente une situation peu commune dans le monde du golf. En effet, les golfeurs doivent frapper leurs coups de départ au-dessus d’une pointe de terrain qui n’appartient pas au Club, et qui sert de pâturage à quelques vaches et moutons qui observent les golfeurs avec un œil désintéressé….

Trou no. 12
Bien localisé sur le flanc d’une pente ascendante, j’ai bien aimé le trou no. 12 qui favorise un coup de départ à trajectoire droite-gauche pour limiter la difficulté du coup d’approche. L’allée qui bifurque à mi-chemin vers la gauche, est traversée par cette pente ascendante disposée en diagonale à travers l’allée. Les coups frappés à la droite de l’allée, ou avec une trajectoire gauche-droite sont forcément poussés davantage vers la droite, d’où le trou est passablement plus long et d’où l’angle d’attaque pour attaquer le vert surélevé est passablement plus difficile.

Le verdict
Le Dooks Golf Club mérite certainement une visite de la part des golfeurs qui visitent le sud-ouest de l’Irlande. En le combinant à des parcours tels que Waterville, Tralee, et Ballybunion, il est possible de se construire un itinéraire intéressant qui inclura également des paysages à couper le souffle en parcourant le « Ring of Kerry », et sans parcourir trop de distance lors d’une semaine de voyage. Les golfeurs qui réalisent une tournée globale du pays devraient cependant se concentrer sur d’autres parcours plus mémorables lors de leur venue dans cette partie reculée de l’Irlande, tels que Waterville et Ballybunion.

Pour ma part, je suis bien content d’avoir découvert ce Club pour lequel je n’avais aucune attente. Ses paysages magnifiques et son accueil chaleureux en ont fait un parcours qui a très bien débuté mon voyage en Irlande, avant que je n’ai l’occasion de m’attaquer à des parcours plus musclés…. Le parcours ne fait sans doute pas partie de l’élite mondiale, au contraire de bien d’autres parcours Irlandais faisant partie de plusieurs itinéraires de voyage, mais je serais un golfeur comblé si j’avais la chance d’y jouer régulièrement au cours d’une saison.

©Yannick Pilon Golf 2011

dimanche 22 mai 2011

Les parcours Irlandais et Écossais sont-ils plus verts que les nôtres...?

Malgré les images de parcours jaunis, voir même brulés que l'on nous a habitué à voir chaque année lors du British Open, je peux vous assurer que les parcours de golf Irlandais et Écossais sont beaucoup plus verts que les nôtre. Peut-être pas aussi verts au point de vue de la couleur de la pelouse, mais certainement au point de vue écologique.

Bon, je l'admets, ces parcours de type "links" sont souvent construits dans des conditions de sols et des conditions climatiques beaucoup plus favorables.... Les sols y sont sablonneux, et la température beaucoup plus tempérée. Mais cela n'explique pas tout. Les attentes des golfeurs y sont aussi très différentes. Je suis toujours surpris d’entendre des histoires de golfeurs s’extasiant devant les parcours qu’ils ont joués durant leurs voyages sur les « links », pour ensuite les entendre critiquer les conditions de l’herbe-longue et la présence de plantes aquatiques dans les étangs de leurs parcours….

Les vrais parcours de type « links » sont parfaitement intégrés à leur environnement. Souvent, ils sont également entretenus avec des équipes restreintes qui feraient dresser les cheveux sur la tête de plusieurs surintendants Québecois. Comment réussissent-ils donc à offrir des conditions de jeu acceptables sur plusieurs des parcours qui sont jugés parmi les meilleurs de la planète?

Une bonne partie de la réponse se trouve dans la quantité de surfaces entretenues. Sur l’ensemble de ces parcours, les ressources sont principalement concentrées sur l’entretien des verts, des tertres de départ et des allées. Le reste y est bien secondaire, et les attentes des golfeurs y sont bien différentes. Les Écossais et les Irlandais ont appris à apprécier la nature qui les entoure et à jouer leurs parties en tenant compte de ces éléments naturels qui influencent bien souvent le résultat de leurs coups.

Les coups de départ sortent de l’allée?

Il n’est pas rare de les retrouver dans la fétuque clairsemée, au milieu de plantes indigènes, ou pire, dans du « gorse », un buisson épineux qui ne pardonne pas et dans lequel il est pratiquement impossible de récupérer sa balle.

Votre balle se retrouve dans une fosse?

Bonne chance! La plupart sont monstrueusement profondes en comparaison à la plupart de fosses Québecoises souvent peu profondes et au sable bien entretenu. Les fosses des links sont non-seulement profondes, mais elles se retrouvent un peu partout sur les parcours, en jeu pour tous les types de golfeurs. Elles sont souvent beaucoup plus petites que nos fosses, mais les formes des allées y dirigent bien souvent les balles, et on y coupe les allées pour que celle-ci se rendent jusqu’aux fosses.

Vos coups d’approche ne sont pas précis?

Il n’est pas rare de se retrouver dans des positions extrêmement précaires à quelques verges, voire même quelques pieds des verts. Des monticules ou des dépressions bien souvent couvertes d’herbes indigènes guettent tous les coups frappés hors-ligne, quand ce ne sont pas les fosses de sable qui les attrapent avant.

Un attrait indéniable

Le golf Écossais et Irlandais est un sport qui se pratique contre les éléments de la nature. On y apprécie toutes ces particularités qui rendent le jeu si intéressant. On s’amuse à y frapper des coups impossibles, à y être dépaysé. On revient ensuite à la maison en racontant fièrement nos exploits, tout autant que nos déboires causés par toutes les incongruités et les éléments que l’on a rencontré sur ces parcours souvent mythiques.

Pourquoi alors sommes-nous si critiques envers les conditions de nos propres parcours, ici au Québec? Pourquoi sommes-nous si dures envers nos surintendants pour qu’ils nous offrent sans cesse des conditions de jeu impeccables, sur les verts, tout autant que dans les zones d’herbe-longue, ou même sous les arbres où l’on veut que tout soit « propre »? J’oserais m’aventurer à avancer que la plupart des golfeurs québécois, tout comme la plupart de golfeurs américains, aiment l’aventure, mais ce qu’ils aiment par-dessus tout, c’est se retrouver à la maison, sur leur parcours, où tout est plus prévisible, tout est un peu plus facile. Les « links » sont plus verts, ou plus écologiques, car on met l’accent sur l’entretien là où c’est important, et on vit avec la nature partout où ça ne l’est pas.

Nous avons plusieurs leçons à tirer des parcours de type « links ». Je tenterai de vous en faire part dans ce blog au fil des prochains jours et des prochains mois.

©Yannick Pilon Golf 2011