mardi 11 octobre 2016

Plus de 2 millions investis au club de golf Le Mirage

Photo: www.golfmirage.ca
Yannick Pilon Golf a l'honneur de se joindre à l'équipe de NMP Golf Construction pour réaliser les travaux de rénovation prévus sur les deux parcours du Golf Le Mirage pour fêter le 25e anniversaire du club qui aura lieu en 2017. Les travaux, annoncés officiellement vendredi dernier, ont débuté hier matin et devraient se dérouler sur les deux prochaines années.

Dès les prochaines semaines, toutes les fosses du neuf de retour du parcours Carolina devraient être reconstruites, de même que trois verts. Un étang de rétention existant sera également agrandi afin de rehausser la réserve d'eau du Club pour son système d'irrigation. Les fosses du neuf d'aller du parcours Carolina suivront au cours de la saison 2017, tandis que celles du parcours Arizona suivront en 2018.

Le but premier des travaux est de favoriser la création d'une réserve d'eau plus abondante et de meilleure qualité pour l'irrigation du parcours par l'usage plus efficace de la collecte des eaux de ruissellement de surface.  Ceci permettra à terme de limiter les applications d'amendements et de fertilisant requis par la qualité de l'eau actuelle qui est plus salée que la normale.

L'autre but des travaux est d'améliorer l'expérience de jeu des golfeurs en améliorant le positionnement, l'esthétique et la visibilité des fosses. Lors des travaux, plusieurs fosses particulièrement en jeu pour les joueurs de calibre plus faible seront éliminées, de même que plusieurs des monticules prononcés qui les entourent. Certaines allées pourront ainsi être élargies. Ceci permettra de redonner vie aux parcours qui ont été très peu modifiés depuis leur création il y a près de 25 ans, Par le fait même, l'entretien des fosses sera facilité, en offrant des fosses aux formes et aux pentes moins prononcées.  À terme, le tout devrait favoriser un jeu plus rapide et fluide, tout en gardant l'essence des deux parcours pittoresques intacte.

L'autre volet du projet, qui plaira sans doute à ses membres et ses visiteurs, consistera en la création d'un centre de performance Callaway unique au Québec et dans l'Est du Canada.  Ce dernier, qui sera ouvert au grand public, sera accompagné d'un nouveau chapiteau qui permettra au Club d'accueillir un plus grand nombre d'évènement divers.

Yannick Pilon Golf sera appelée à consulter le Club au cours des travaux sur les parcours qui ont été grandement planifiés par l'équipe de NMP Golf Construction en accord avec les recommandations du Surintendant du Parcours, Colin Deschamps, en poste depuis plus de 19 ans.

Pour d'autres infos sur le site de Canoe: Cliquez-ici.

Yannick Pilon Golf © 2016

jeudi 29 septembre 2016

Hazeltine National Golf Club

Un test exigeant pour les participants de la Coupe Ryder.  

Le Hazeltine National Golf Club est considéré par plusieurs comme étant le meilleur parcours privé de la région de Minneapolis et l’un des meilleurs parcours aux États-Unis.  À en juger par le nombre de tournoi d’envergure dont il a été l’hôte au fil des soixante quelques années qui ont marqué son existence, il n’y a pas de doute que le Club bénéficie d’un prestige certain.

Ouvert en 1962 grâce au design de Robert Trent Jones Sr. qui reprit les plans d’un autre architecte, le Club fut fondé par Totton P. Heffelfinger dans l’espoir d’y accueillir des tournois majeurs.  Le fait que M. Heffelfinger était un ancien président de la USGA a certainement aidé à l’atteinte de cet objectif, mais le parcours se devait quand même d’être un test digne des meilleurs golfeurs au monde!  Dès 1966, le parcours accueillit l’Omnium Américain féminin.  Ce tournoi fut rapidement suivi en 1971 par l’Omnium Américain masculin, et encore un autre Omnium féminin en 1977.

Au cours de ces tournois majeurs, le parcours fut jugé sévèrement par les joueuses et joueurs qui le trouvaient très exigeant et brutal.  Ceci mena le Club à procéder à des changements importants au début des années 1980, lorsque plusieurs trous furent réaménagés par Trent Jones Sr., incluant le maintenant célèbre seizième trou (qui sera joué en tant que trou no. 7 lors de la Coupe Ryder).

Préalablement à l’Omnium Américain de 1991 qui fut remporté par Payne Stewart, c’est le fils de Trent Jones Sr., Rees Jones, qui prit la relève pour réaliser les modifications subséquentes sur le parcours.  Depuis sa création, le Club est seulement le deuxième club au États-Unis à avoir accueilli, au fil des années, tous les championnats présentés par la USGA et la PGA d’Amérique. Un fait, somme toute, impressionnant!

Caractéristiques du parcours

L’œuvre des « Open Doctors »

Le parcours du Hazeltine National est un parcours de championnat qui est typique des Omniums Américains, c’est-à-dire un parcours long aux allées étroites et bien protégées par des fosses nombreuses et de l’herbe-longue abondante et impardonnable.  Il laisse peu de place à l’imagination et demande des nerfs d’acier pour garder sa balle en jeu.  Ceci n’est pas un hasard. Robert Trent Jones Sr a construit sa réputation d’architecte en créant de multiples parcours solides présentant des tertres et des verts souvent immenses permettant une grande flexibilité dans le « setup » de parcours.  Par contre, il a aussi popularisé l’usage de multiples fosses de sable pour pincer les zones de réception des coups de départ dans les allées pour forcer les golfeurs à être plus précis, et utiliser le recours aux étangs pour ajouter des éléments dramatiques et visuellement forts à des abords de verts dépourvus de particularités naturelles intéressante.  C’est en 1951 qu’il s’est rendu célèbre en redessinant le parcours du Oakland Hills Country Club pour l’Omnium Américain gagné par Ben Hogan qui avait déclaré avoir mis le « Monstre » à genou en parlant du parcours.  Depuis lors, Robert Trent Jones Sr est devenu dans le milieu le « Open Doctor » et il a été employé à rénover ou « améliorer » plusieurs parcours destinés à accueillir l’Omnium. À sa mort, son fils Rees Jones a poursuivi la tradition jusqu’à aujourd’hui, et il est maintenant l’architecte en charge des modifications à Hazeltine.

Note : Un fait intéressant réside dans le fait que les dirigeant d’Oakland Hills sont en voie de réaliser une rénovation complète de leur parcours Sud qui a été maintes fois rénové au fil des décennies par Robert Trent Jones Sr. et son fils Rees en vue d’y tenir des tournois majeurs toujours plus difficiles. L’architecte à qui cette tâche a été donnée est Gil Hanse, l’architecte du parcours Olympique décrit dans ma plus récente chronique. Celui-ci aura le mandat de défaire ce qui aura été fait au cours des six dernières décennies afin de retrouver l’architecture de son architecte original, Donald Ross, et rendre le parcours plus facile et plus diversifié pour ses membres qui en sont les principaux utilisateurs, et non les professionnels qui y jouent un tournoi majeur au dix ans.

Un agencement de parcours ajusté pour la cause
Les gens qui connaissent le parcours et qui ont suivi les tournois majeurs qui s’y sont déroulés au fil des années seront surpris de constater que le parcours ne suit plus l’agencement des trous original créé par son architecte.  En effet, les trous qui seront joués comme les trous 5, 6, 7, 8 et 9 pour la Coupe Ryder sont en fait les trous 14, 15, 16, 17 et 18 que les membres jouent habituellement.  Les organisateurs du tournoi ont pensé que les véritables trous 5, 6, 7, 8 et 9 du parcours étaient situés sur une partie du site qui se prêtait beaucoup mieux à l’installation de tentes corporatives et d’estrades leur permettant de maximiser leurs revenus durant le tournoi. Ils seront donc joués en tant que trous no. 15, 16, 17 et 18 pour les besoins du tournoi.

Une longueur symptomatique des problèmes du sport
Lorsqu’on regarde la carte des distances du parcours, un fait saute aux yeux : la distance totale du parcours officiellement inscrite à 7628 verges! Ceci est de plus en plus courant dans le monde du golf professionnel, et ce fait démontre à quel point les meilleurs golfeurs au monde sont dans une classe à part vis-à-vis des golfeurs moyens représentant plus de 99% de tous les golfeurs fréquentant les parcours.  Cependant, on ne cesse de « rénover » et d’allonger les parcours afin de leur permettre d’accueillir des tournois professionnels et quantité de parcours récents croient nécessaires d’offrir des parcours de plus en plus longs afin de satisfaire cette clientèle qui est finalement extrêmement restreinte, voire bien souvent inexistante. Combien de temps sera encore nécessaire avant que les instances gouvernantes du sport réalisent à quel point ceci peut être néfaste pour le jeu? À quand une balle unique de compétition pour les tournois?  Les écuries de formule 1 utilisent toutes les mêmes pneus. Pourquoi les golfeurs ne pourraient-ils pas tous utiliser une même balle? Le golfeur moyen pourra toujours profiter des avancées technologiques présentées par les manufacturiers. Et ceci ferait en sorte qu’on pourrait tenir à nouveau les tournois sur une quantité importante de parcours mythiques perçus aujourd’hui comme étant trop courts pour accueillir les meilleurs golfeurs de la planète.

Trous à souligner

Trou no. 7

Le trou no. 7 est, pour les professionnels, une courte normale 4 de 402 verges présentant une allée disposée de manière diagonale vis-à-vis des tertres de départ.  Ceci est intéressant en soi, mais cette allée est également bordée à la droite par le Lac Hazeltine, et à la gauche par un petit fossé qui longe l’allée.  Les golfeurs devront user de prudence avec leurs coups de départ et s’assurer d’avoir une trajectoire de balle de gauche à droite afin d’éviter les problèmes.  Ceux qui seront plus téméraires et qui joueront des coups de départ héroïques au-dessus du lac se retrouveront avec un coup d’approche beaucoup plus court vers un vert aménagé en péninsule protégée par le Lac Hazeltine.

Trou no. 10

Lorsqu’un parcours présente des trous si longs et des allées étroites et pincées par de nombreuses fosses de sable, les trous coudés deviennent bien souvent les trous les plus intéressants. En effet, les golfeurs qui osent défier le parcours pour tenter de couper les coins avec leurs coups de départ sont susceptibles de prendre u avantage important sur ceux qui préfèrent jouer de manière conservatrice.  Le trou no. 10 en est un bon exemple.  Un qui franchira le coin intérieur gauche du trou avec un long coup de départ périlleux bénéficiera en plus d’une forte pente descendante dans l’allée qui le rapprochera encore plus du vert.

Trou no. 16

Bien qu’il est triste que le trou no. 7 ne se trouve plus en fin de parcours comme c’est le cas pour les membres du Club, le trou no. 16 permettra sans doute de créer du suspense en fin de matches.  La plus courte normale 5 du parcours, à 572 verges, sera fort probablement raccourcie dimanche, pour encourager les joueurs à atteindre le vert en deux coups.  Ceux-ci devront cependant se méfier d’un étang qui borde directement le vert à sa gauche. Cet étang pourra très bien mettre fin à quelques matches pour ceux qui auront erré le moindrement avec leur coup d’approche.

Conclusion
Vous aurez compris au fil de cette chronique, que je ne suis peut-être pas le plus grand fan du Hazeltine National Golf Club, et vous n’êtes pas dans le tort.  Bien que celui-ci présente plusieurs attraits, il est également, à mon humble avis, représentatif de certains des problèmes qui minent aujourd’hui l’industrie du golf.  Par contre, dans le cas d’une compétition telle que la Coupe Ryder, je ne crois pas que c’est le parcours qui fera la différence dans l’issue du tournoi.  La Coupe Ryder est une compétition quasi unique dans le monde du golf, avec la Coupe du Président, où les golfeurs jouent en équipe, dans un format Match Play qui créé une dynamique totalement différente à celle des tournois majeurs tels qu’on les connait.  Dans cette perspective, le parcours importe peu car c’est la trame narrative de la compétition, le patriotisme des joueurs et la composition des équipes qui s’affronteront qui créeront tout l’effet dramatique. Tous ces éléments sont finalement ce qui rend la Coupe Ryder si intéressante à regarder.  Et vous? Qu’en pensez-vous? N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires! Bon visionnement!

Yannick Pilon Golf © 2016



mardi 9 août 2016

Olympic Golf Club

Le golf de retour aux Olympiques après 112 ans d’absence

Le Comité International Olympique profita de l’annonce de l’octroi des jeux olympiques à la ville de Rio en 2009 pour annoncer que le golf ferait un retour aux jeux après 112 ans d’absence.  S’ensuit alors la recherche d’un parcours acceptable pour tenir les compétitions. On détermine rapidement que les deux parcours existants de la région de Rio ne sont pas au niveau nécessaire pour tenir un tournoi de cette envergure, et on part à la recherche d’un site favorable à proximité des autres sites olympiques.

Une fois le site établi en bordure de la lagune de Marapendi qui longe l’océan Atlantique, une compétition fut mise en place pour déterminer le choix de l’architecte qui aurait la chance de construire ce parcours voué à obtenir automatiquement une grande visibilité.  Huit firmes sont choisies parmi les finalistes, dont quatre fondées principalement par des superstars du golf mondiales (Jack Nicklaus, Greg Norman, Gary Player et Peter Thomson), deux dirigées par des architectes internationaux bien établis (Robert Trent Jones Jr. Et Martin Hawtree) et deux plus petites firmes fondées par des architectes moins connus aux styles similaires (Tom Doak et Gil Hanse).  Dès le départ, on croit que les gros noms auront un avantage à cause de leur grande notoriété, mais c’est finalement la firme de Gil Hanse qui gagne la mise en mars 2012.

Depuis cette annonce, la création du parcours a été suivie de près par plusieurs groupes : les fans d’architecture qui étaient au courant de ce concours et qui étaient curieux de savoir ce qui adviendrait de ce parcours, les communautés locales qui étaient contre le développement du parcours sur ce site à haute visibilité, et par les environnementalistes qui étaient aussi à l’affut du moindre problème environnemental.  Après plusieurs délais et une épreuve test qui a été boudée par la quasi-totalité des meilleurs golfeurs mondiaux convoqués à l’évènement, le parcours sera officiellement inauguré lors du tournoi olympique des hommes, du 11 au 14 août, et ensuite le tournoi des femmes, du 17 au 20 août.


Caractéristiques du parcours

Inspiration tirée des parcours du « Sandbelt » australien
Le mandat donné à Gil Hanse visait à créer un parcours qui serait en harmonie totale avec son environnement, tout en offrant un défi intéressant pour les meilleures golfeuses et les meilleurs golfeurs de la planète. Pour élaborer leur design sur un tel site, Gil Hanse et son équipe se sont inspirés des parcours classiques du « Sandbelt » australien, soit les parcours Royal Melbourne Golf Club, Commonwealth Golf Club, Victoria Golf Club et Kingston Heath Golf Club, tous situés dans la banlieue de Melbourne.  Ces parcours sont tous situés sur des sols sablonneux et présentent tous des conditions fermes et rapides, tout en étant exemplaires dans l’intégration de la végétation naturelle du site dans le design du parcours.

Sable et flore locale mis en valeur
Pour être en harmonie avec la nature du site et ses environs, l’équipe de Gil Hanse a minimisé les mouvements de terre sur le site et utilisé en grande partie sa topographie naturelle.  On a également procédé à la naturalisation de grands espaces sur le site avec des plantes indigènes permettant ainsi de mettre cette végétation en valeur dans les zones hors-jeu du parcours.  Un attention particulière a également été apportée aux fosses de sable du parcours afin que celle-ci servent de zones de transition entre les allées et les zones bien entretenues du parcours, et la végétation indigène du site située à proximité des allées.  Le sable naturel du site a également été utilisé dans les fosses.  Celui-ci présente diverses couleurs et diverses textures qui ont été conservées telles-quelles sur le site.  Les golfeurs auront donc à s’adapter au sable selon l’endroit où ils se trouveront sur le site. Cette approche s’avère être beaucoup plus écologique que l’importation de sable à la granulométrie et à la couleur uniforme, en plus de donner une saveur bien locale au parcours.

Plusieurs trous à normale « et-demi »….
Le parcours présente plusieurs trous dont les longueurs ambiguës créent des trous à normale « et-demi ».  Que veut-on dire par là?  Ce sont des trous qui sont à mi-chemin entre des normales 3 et des normales 4, ou à mi-chemin entre des normales 4 et des normale 5.  Par exemple, une courte normale 4 de près de 300 verges est atteignable par plusieurs golfeurs avec leurs coups de départ, ce qui en fait presque l’équivalent d’une longue normale 3.  La même logique s’applique avec une courte normale 5 atteignable en deux coups qui est presque l’équivalent d’une longue normale 4.  La majorité du temps ces trous aux longueurs hybrides présentent des difficultés ou des particularités qui incitent les golfeurs à tenter leur chance pour obtenir l’oiselet, tout en menaçant ceux qui échouent par des coups de sauvetage pouvant être risqués.  Lorsque présentés devant de telles situations, les golfeurs ont souvent le choix de tenter le diable ou de choisir le chemin le moins dangereux au risque de perdre un coup sur les joueurs qui seront plus agressifs et qui obtiendront du succès.  À mon humble avis, ces trous sont souvent les plus intéressants des parcours.

Trous à souligner

Étant donné le nombre de particularités architecturales rencontrées sur ce parcours, je vais vous présenter un peu plus de trous qu’à mon habitude.

Trou no. 1 
Malgré ses 604 verges, ce premier trou se joue avec un vent dominant arrière et il devrait être atteignable en deux coups par les longs cogneurs. Son vert est bordé de hauts monticules à sa droite, favorisant ainsi une entrée au vert par un coup d’approche plus court provenant de la gauche de la deuxième zone de réception du trou qui est partiellement cachée derrière une dune de sable. Les longs coups d’approche à trajectoire plus basse pourraient être repoussés à l’arrière gauche hors de la surface du vert par un mauvais rebond sur les monticules, ou pire encore, être stoppés à court, à droite, laissant un coup d’approche difficile au-dessus des monticules.

Trou no. 3
Le trou no. 3 est la première normale quatre du parcours que certains golfeurs pourraient être tentés d’atteindre avec leurs coups de départ.  Avec un obstacle d’eau longeant le côté gauche du trou, et un vert longiligne disposé en angle entre une série de fosse de sable, la tâche pourrait ne pas être si simple qu’elle n’y parait.  Après seulement trois trous, il est déjà clairement établi que les golfeurs feront face à plusieurs choix et plusieurs risques dépendant du niveau d’agressivité qu’ils voudront bien démontrer.

Trou no. 6
Le trou no. 6 est la normale trois la plus unique du parcours.  Pouvant être jouée de deux angles différents, ce trou offre deux perspectives différentes selon le tertre utilisé.  À partir du tertre de gauche, l’approche au vert est semi-aveugle, puisque le vert est partiellement caché derrière une dune de sable imposante.  À partir du tertre de droite, la majorité du vert est visible et la dune peut être utilisée pour ramener des coups de départ frappés à gauche du vert vers le trou.  Le vert est, quant à lui, de type « Punchbowl », ce qui signifie que la majorité des pentes qui l’entourent se dirigent vers le centre du vert. Ce type de design est largement utilisé sur les parcours de type links écossais et irlandais, mais beaucoup moins sur les parcours nord-américains à cause des nombreux problèmes de drainage que ceci peut créer.  C’est la même chose pour les coups aveugles qui sont souvent perçus, ici au Québec, comme des éléments de design indésirables compte tenu des dangers que ceci peut créer, et le fait que les golfeurs ne peuvent clairement identifier leur cible. 

Trou no. 7
Le trou no. 7 est l’une des normales 4 les plus difficiles du parcours avec un vent dominant de face.  Ce qui constitue la principale difficulté du trou est son vert passablement grand, mais dont le premier tiers est aménagé en faux devant (« false-front »).  Ainsi, un coup d’approche qui tombera sur le devant du vert ne pourra pas tenir sur la pente forte et sera inévitablement retourné vers l’allée à l’avant du vert.  Les joueurs devront donc atteindre le centre du vert avec leurs coups d’approche pour s’assurer de rester sur sa surface.  Un monticule à l’arrière gauche du vert pourra les aider à rediriger leurs coups d’approche vers la portion arrière droite du vert, bien protégée par une fosse passablement profonde.

Trou no. 10
Le trou no. 10 est une longue normale 5 de 590 verges où l’importance de bien positionner son coup d’approche sera primordiale.  Le coup de départ sera difficile, avec un vent dominant de gauche à droite, et un étang à la gauche de l’allée.  Un long coup de départ frappé à proximité de l’eau permettra de bien se positionner pour une chance d’atteindre le vert en deux coups, mais une approche plus sage serait de positionner son deuxième coup le plus loin possible vers la gauche de l’autre côté de l’étang, afin de profiter du meilleur angle d’approche vers le vert étroit mais profond, et disposé en angle de gauche à droite.  Une approche à partir du côté droit présentera, au contraire, un vert peu profond derrière lequel se trouve une large fosse profonde qui borde directement le vert.

Trou no. 15
Lorsque les golfeurs sont confrontés à un obstacle au centre de l’allée, plusieurs d’entre eux pensent que l’architecte a perdu la tête.  « Pourquoi pénaliser un coup parfaitement centré au milieu de l’allée? » diront certains…. La réalité est qu’un coup qui s’y retrouve n’a pas été parfaitement exécuté, ou peu réfléchi.  Un tel obstacle force les golfeurs à élaborer une stratégie.  Frapper à gauche ou à droite de l’obstacle donne généralement un meilleur angle d’attaque vers le vert, ou diminue la distance pour y arriver.  Frapper au-dessus de l’obstacle donne une plus courte approche vers le vert, tandis que jouer à court est l’option la plus conservatrice, mais celle qui laisse le plus long coup d’approche.  Dans ce cas-ci, l’option est surtout de jouer à court, ou tenter de franchir la fosse et de se donner une courte approche vers un des verts les plus protégés du parcours.

Trou no. 16
La dernière normale quatre du parcours pourrait bien décider du vainqueur.  À 303 verges, plusieurs golfeurs seront tentés d’atteindre le vert avec leurs coups de départ.  Cependant, ils devront être extrêmement précis pour éviter tous les pièges entourant le vert.  Celui-ci étant très étroit et bien protégé par une fosse profonde à sa droite et des pentes fortes et très ondulées à la gauche et à l’arrière, d’autres golfeurs pourraient décider de jouer de manière plus conservatrice. Compte tenu de la forme particulière du vert, le positionnement de leur coup de départ sera toutefois très important, puisqu’un mauvais angle d’attaque vers cette petite cible pourrait leur causer des problèmes à l’approche.  Il sera intéressant de voir comment les golfeurs attaqueront ce trou bien particulier en situation de pression en fin de parcours.

Conclusion
Il y a tant d’éléments intéressants à discuter sur ce parcours que ce texte pourrait s’éterniser longtemps sur toutes ses subtilités!  J’ai donc bien hâte de voir comment les golfeurs décideront d’attaquer ses différents obstacles.  Est-ce que la compétition sera relevée? Avec l’absence de plusieurs des meilleurs joueurs au monde et la taille restreinte du peloton réduite à 60 joueurs féminins et masculins, la question mérite d’être posée.  Cependant, il ne fait pas de doute pour moi que le parcours créé par Gil Hanse et son équipe offrira du golf inspiré qui donnera plusieurs opportunités aux golfeurs de faire des oiselets et des aigles.  Les pointages pourraient être bas compte tenu de la longueur relativement courte du parcours et ses nombreux trous à normale « et-demi », et ceci pourrait créer un spectacle excitant pour les téléspectateurs du monde entier. Est-ce que ceci contribuera à rehausser la visibilité déjà bonne du golf à l’échelle planétaire? C’est une excellente question. En attendant d’avoir une idée de la réponse, je vous souhaite deux bons tournois olympiques! On se retrouve en Septembre pour la Coupe Ryder au Hazeltine National Golf Club.

Pour une description complète du parcours par l’architecte avec vues aériennes (en anglais), cliquez ici.
Pour une description complète du parcours par l’architecte avec vues en plan (en anglais), cliquez ici.
Pour les détails passionnants concernant le choix de l’architecte du parcours (en anglais), cliquez ici.
Pour tout ce que vous devez savoir sur le tournoi olympique (en anglais), cliquez ici.

Yannick Pilon Golf © 2016

                        

jeudi 28 juillet 2016

Baltusrol Golf Club

Hôte du Championnat de la PGA 2016 - Un Club ancré dans l’histoire du golf Nord-Américain

Depuis près de 120 ans, le Baltusrol Golf Club joue un rôle prépondérant dans l’histoire du golf Nord-Américain.  Fondé en 1895 par Louis Keller, un éditeur de magazine à potin populaire à l’époque, le parcours se trouve à environ 45 min de route à l’ouest de New-York. À travers ses multiples relations avec les membres de la communauté artistique et aristocratique New-Yorkaise de l’époque, Keller se rend rapidement compte qu’un nouveau sport gagne de plus en plus d’adeptes dans la région.  Ainsi, il se met en tête de développer un club sur ses terres où il a l’habitude d’organiser des pique-niques pour ses amis et relations.  Ce site, idéal pour un parcours de golf, était une ancienne terre agricole à flanc de montagne autrefois occupée par le fermier Baltus Roll. Ce dernier fut malheureusement tué lors d’une tentative de vol sur sa ferme en 1831, si bien que, quelques soixante années plus tard, le parcours fut nommé en son honneur par son fondateur.

Dès ses débuts, le parcours gagne vite en popularité. De neuf trous en 1895, le parcours passe rapidement à dix-huit trous en 1903 sous les bons soins de George Low qui agit à la fois comme professionnel du club et son surintendant.  Le « Old Course » est également reconnu pour sa grande qualité, si bien que dès 1901, il est l’hôte de cinq championnats nationaux, dont le Championnat Amateur féminin de 1901 et l’Omnium Américain de 1915. C’est d’ailleurs cette même année que Keller achète des terrains environnant dans l’espoir de faire rénover le parcours pour que ce dernier intègre les nouveaux principes de design plus raffinés de l’époque.  Il commissionne alors Albert Warren Tillinghast, un des architectes les plus en vogue et parmi les plus influents de l’époque.

Le plan de Tillinghast est extrêmement audacieux : il recommande de repartir complètement à neuf en ne construisant pas un, mais bien deux parcours.  Cela signifiait détruire un parcours reconnu partout au pays, et construire à la fois deux parcours différents; un défi qui n’avais encore jamais été tenté à l’époque.  Les parcours « Upper » et « Lower » ouverts en 1922 sont le résultat de cet ambitieux projet qui devint immédiatement un succès sans précédent.  La carrière de Tillinghast fur complètement lancée à partir de cette date et il devint « le père des architectes de golf américains ».

Au fil des années, le parcours a été rénové par Robert Trent Jones dans les années cinquante, et plus tard, par son fils Rees Jones – actif au Club depuis plus de 25 ans.  Tous les deux sont reconnus pour leurs travaux de rénovation sur des parcours hôtes de l’Omnium Américain et la majorité des critiques s’entendent pour dire que leurs travaux à Baltusrol ont été réalisés dans le respect de l’architecture originale du parcours de Tillinghast. Aujourd’hui, le Club peut se vanter d’avoir été l’hôte de 15 championnats nationaux sur trois de ses parcours : Le défunt « Old », le « Upper » et le « Lower », dont sept Omniums Américain, la majorité sur le « Lower ».  C’est donc sur un parcours à haute saveur historique que ce déroulera le Championnat de la PGA 2016.

Caractéristiques du parcours

Un agencement de trous ingénieux
L’agencement des trous du parcours est particulièrement ingénieux, malgré l’espace relativement restreint dont il semble disposer.  En effet, il n’y a jamais plus de trous successifs se dirigeant dans la même direction – une situation qui se reproduit seulement deux fois dans tous le parcours, soit aux trous nos. 5 et 6, et 17 et 18.  Le parcours serpente donc à travers le site en changeant constamment de direction. Cette situation fait en sorte que les golfeurs sont toujours exposés à des situations différentes vis-à-vis du vent. Ceci est totalement différent du parcours de Royal Troon, par exemple, où avait lieu l’Omnium Britannique il y a deux semaines, et où les six premiers trous, et les six derniers trous se dirigeaient dans la même direction.  Cet agencement de trous en dû en grande partie au talent de Tillinghast qui avait du flair pour maximiser l’usage des sites sur lesquels il déployait son talent.

Une finale particulière
Le « Lower Course » de Baltusrol se termine d’une manière peu commune, contrairement à la quasi-totalité des parcours de golf.  Il se termine en effet par deux normales cinq se dirigeant vers le chalet des joueurs - les deux seules du parcours pour les professionnels qui le fouleront durant le tournoi. Les trous no. 1 et 7 sont également des normales 5 pour les membres mais elles seront jouées en tant que normales quatre durant le tournoi.  Le trou no. 17 est un monstre de 647 verges avec une fin ascendante vers un vert bien protégé, tandis que le trou no. 18 est une courte normale 5 offrant une excellent possibilité d’oiselets pour les golfeurs professionnels.  Trois des quatre trous les plus faciles du parcours se trouvent dans les cinq derniers trous, et cela risque de créer une finale excitante, alors que plusieurs golfeurs chercheront sans doute à être agressifs en fin de parcours.

L’un des quatre parcours de golf classés « Monument National Historique » aux États-Unis.
Grâce à sa riche histoire et sa place importante dans l’histoire du golf le Baltusrol Golf Club est l’un des quatre parcours de golf s’étant vu octroyé le titre de Monument National Historique par le National Park Service des États-Unis.  Les autres parcours avec le même titre sont les parcours d’Oakmont et Merion en Pennsylvanie, et Pinehurst en Caroline du Nord, tous des parcours hôtes de l’Omnium des États-Unis à plusieurs occasions. Bien que ce titre n’ajoute rien de particulier au parcours en tant que tel, c’est tout le Club qui présente un charme solennel indéniable, avec son chalet majestueux et proéminent au sommet d’une pente à flanc de montagne, ainsi que sa riche histoire protégée et mise en valeur par ses membres triés sur le volet.

Trous à souligner

Trou no. 4 
Le trou no. 4 est le trou signature du Baltusrol Golf Club.  À l’origine du parcours, Tillinghast avait dessiné ce trou comme une courte normale 3 au-dessus d’un étang.  Lorsque Robert Trent Jones fut engagé en 1948 pour rénover le parcours, il transforma le trou en y ajoutant des nouveaux tertres arrière, en reconstruisant le vert et les fosses de sable à l’arrière et en ajoutant un muret de pierre le long de l’étang bordant le trou.  À l’ouverture officielle du trou en 1952, les membres se plaignirent à Jones du fait que le trou était devenu trop difficile.  Il leur suggéra d’aller jouer le trou pour voir ce que l’on pourrait faire pour l’améliorer.  Après que deux membres et le professionnel atteignirent le vert avec leurs coups de départ, Jones s’élança avec un coup majestueux qui finit sa course dans la coupe pour un trou d’un coup! Il leur dit alors : « Messieurs, je crois que le trou est éminemment juste! ».

Trou no. 13
Le trou no.13 offre un excellent exemple d’obstacle diagonal caractéristique de l’école d’architecture de golf dite « Héroïque ».  En effet, un petit ruisseau traverse l’allée à l’avant des tertres et il longe celle-ci sur presque toute sa longueur en formant une diagonale à partir des tertres. Plus le joueur veux être agressif avec son coup de départ, plus il risque de rencontrer l’obstacle, mais s’il réussit son coup, il sera récompensé par un coup d’approche beaucoup plus court et plus facile.  À l’opposé, plus il jouera de manière conservatrice avec son coup de départ, moins le ruisseau sera en jeu, mais plus long sera son coup d’approche vers le vert.  C’est un élément architectural d’une grande simplicité, mais qui est très efficace pour créer de la stratégie sur un parcours de golf. Ce type d’élément architectural est également intéressant, car il a un impact sur tous les calibres de golfeurs qui peuvent l’attaquer selon leur niveau de confiance et leur capacité.

Trou no. 17
Le trou no. 17 est l’une des normale cinq les plus connues des États-Unis pour sa longueur. À 647 verges et présentant une pente ascendante sur sa deuxième moitié, peu de joueurs pourront l’atteindre en deux coups.  John Daly fut le premier à accomplir l’exploit à l’Omnium Américain de 1993.  La plupart des normales cinq permettent un peu de marge de manœuvre si l’un des coups n’est pas parfait.  Ce n’est pas le cas ici, car il est essentiel de mettre sa balle en jeu sur le coup de départ, puisqu’un coup mal placé pourrait compromettre la chance de franchir un complexe de fosses de sable qui croise entièrement l’allée sur le deuxième coup.  Ce complexe, nommé avec justesse « Sahara », est très pénalisant pour les golfeurs moyens qui n’ont d’autre choix que de le franchir.  Le deuxième coup, s’il est frappé à partir de l’allée, demande un choix, soit que l’on vise le côté droit de l’allée qui laissera un coup d’approche en montant au-dessus de fosses de sable profondes, mais vers un vert dont toute la profondeur est accessible aux golfeurs, soit on vise le côté gauche de l’allée où se trouve une petit fosse, mais d’où il est possible d’atteindre le vert sans franchir de fosse.  Le choix ne sera pas aussi difficile pour les professionnels que pour un golfeur amateur, mais le trou sera tout de même drôlement intéressant.

Conclusion
Le Baltusrol Golf Club est sans aucun doute l’un des parcours les plus ancrés dans la riche tradition de golf des États-Unis.  Situé sur un site charmant et doté d’une histoire riche en souvenirs mémorables ayant marqué les vies de plusieurs golfeurs y ayant gagné l’un ou l’autre des championnats nationaux qui y ont été joués au fil des décennies, ce parcours en apparence minimaliste est encore aujourd’hui rempli de particularités ayant marqué la belle époque que l’on appelle aujourd’hui l’âge d’or de l’architecture de golf aux États-Unis.  Il sera intéressant de voir si les golfeurs pourront encore abaisser les records avec leurs prouesses, ou si ce parcours presque centenaire sera toujours en mesure de les tenir en respect.  Espérons simplement que les conditions de jeu permettront d’obtenir du golf spectaculaire et aussi inspirant que la finale de l’Omnium Britannique au Royal Troon il y a deux semaines!

Pour une source complète d’informations sur le parcours, cliquez ici.
Pour le site web du club et son histoire complète, cliquez ici.

Yannick Pilon Golf © 2016

jeudi 14 juillet 2016

Royal Troon Golf Club

Hôte de l’Omnium Britannique 2016

C’est en 1878 que le Troon Golf Club voit le jour à 35 miles au sud-ouest de Glasgow.  Situé au bord du Firth of Clyde, une large baie dans la mer séparant l’Écosse de l’Irlande du Nord, le parcours est voisin et dans l’ombre d’un autre parcours célèbre où ont eu lieu les six premières éditions de l’Omnium Britannique, le Prestwick Golf Club.  Les six trous originaux du club sont d’ailleurs planifiés par le surintendant de Prestwick, Charlie Hunter. Quelques-uns de ces verts sont, d’ailleurs, toujours en fonction aujourd’hui. Au fil des années, le parcours gagne en popularité, si bien que l’on y ajoute des trous peu à peu. George Strath, le premier professionnel du Club, fut nommé en 1882. C’est sous sa gouverne que le club prit de l’expansion pour passer à douze trous, et finalement dix-huit, en 1884.  Les dix-huit trous formés à cette époque constituent l’essentiel du parcours de ce qui est en jeu aujourd’hui au club. C’est cependant à Willie Fernie, professionnel du club à partir de 1887, que l’on doit le trou no. 8, le fameux « Postage Stamp ».

Depuis ce temps, le parcours a gagné en popularité et en respect. Si bien que dès 1923, le Club devient l’hôte de l’Omnium Britannique pour la première fois.  Depuis, on y a tenu l’omnium un autre sept fois. C’est donc dire que l’Omnium Britannique de 2016 sera jouée à Royal Troon pour la neuvième fois.  Un fait intéressant à noter, est le fait que les six dernières éditions de l’omnium jouées à Troon ont été remportées par des américains!
Parcours peu spectaculaire comparé à quelques autre parcours célèbres écossais, c’est néanmoins un excellent test de golf qui teste admirablement bien les meilleurs golfeurs de la planète.

Caractéristiques du parcours

Parcours de type Links
L’Omnium Britannique est généralement la seule chance que nous ayons dans l’année de voir à l’œuvre des professionnels de golf évoluer sur un parcours de type links. C’est bien dommage, car ce type de parcours donne lieu à du golf inspiré qui laisse place à la créativité des golfeurs qui doivent user de toutes leur connaissance du parcours pour en utiliser toutes ses subtilités. Les conditions plus fermes et rapides des parcours de type links et la présence quasi continuelle d’un vent du large favorisent bien souvent un jeu moins aérien qui utilise le sol pour faire rouler la balle sur de longues distances.  Ainsi, chaque monticule devient un obstacle ou un élément susceptible d’aider le golfeur si ce dernier l’utilise à son avantage. Ceci donne lieu à des coups de départ souvent très longs, et des coups d’approche pour lesquels la cible est bien souvent à court des verts pour permettre à la balle de rouler tranquillement vers sa destination finale.

Un neuf de retour très difficile
Le parcours est du type « Out and back » typique de plusieurs links écossais - c’est-à-dire un parcours dont les neuf premiers trous s’éloignent du chalet, alors que les neuf derniers trous y reviennent.  Ceci fait en sorte que plusieurs trous se succèdent généralement dans une même direction et sous l’action d’un vent dominant, avant de revenir vers le chalet avec des trous dans une direction et un vent inversé. Après les six premiers trous dans une même direction, ce n’est qu’entre les trous 7 à 12 que les trous varient de directions et exposent le joueurs à des vents variables un trou après l’autre.  À partir du 13e trou, c’est le long retour vers le chalet qui se fait généralement avec un vent de face, ce qui contribue à la difficulté du parcours et sa réputation d’avoir l’un des plus difficiles neuf de retour de tous les parcours de l’Omnium Britannique.  À cet effet, les statistiques de l’omnium de 2004 ne mentent pas : sept des neuf trous les plus difficiles du parcours se trouvent sur le neuf de retour.

Coups de départ vers des allées en diagonale
Le parcours nécessite des coups de départ précis de la part des golfeurs puisque plusieurs de ses trous présentent des allées disposées en position diagonale plus ou moins prononcée à partir des tertres de départ.  Dans une telle situation, le golfeur doit frapper son coup de départ avec une trajectoire courbée de manière à ce que sa balle tombe dans l’axe de l’allée pour bénéficier du maximum de roulement possible. L’autre option est d’être  extrêmement précis et droit tout en évitant de frapper trop loin dans les zones d’herbe-longue à partir desquelles les coups d’approche seront beaucoup plus compliqués…. Inutile de dire que les deux options ne sont pas faciles à accomplir, surtout lorsque la largeur des allées est minimisée pour le tournoi, et que le vent souffle sans relâche. Cette situation se retrouve à divers degrés sur les trous nos. 4, 9, 10, 11, 12, 13 et 15.

Trous à souligner

Trou no. 8 : Le Postage Stamp
Le trou no. 8 est certainement l’un des trous à normale 3 les plus connus dans le monde entier.  Cette courte normale 3 de 123 verges au vert minuscule est la cause de bien des maux de tête pour les golfeurs qui ne parviennent pas à atteindre le vert avec leurs coups de départ. Celui-ci étant légèrement surélevé et bombé, il tend à repousser les coups qui ne sont pas précis vers une quantité impressionnante de problèmes causés par de profondes fosses de sable, une haute dune de sable ou des pentes escarpées en bordure du vert. Il n’est pas rare ici, de voir de bons golfeurs frapper des coups de fosses d’un côté à l’autre du vert, dans une autre fosse.  Espérons que les caméras de télévision nous donnerons une bonne couverture de ce trou qui risque d’être intéressant à regarder.

Trou no. 10 : Sandhills
Après s’être rendu au point le plus éloigné du parcours dans la plus pure tradition des parcours de type links, c’est au trou no. 10 que le parcours commence son retour ardu vers le chalet avec, l’un après l’autre, les trois trous les plus difficiles du parcours.  Le coup de départ de ce trou sera frappé à l’aveugle au-dessus de hautes dunes de sable vers l’allée la plus ondulée du parcours. Ceci est une des particularités des parcours de type links qui sont souvent en symbiose avec le terrain sur lequel ils sont situés, même si cela signifie plusieurs coups aveugles. Les coups d’approche sur ce trou risquent d’être frappés à partir d’une position inconfortable vers un vert relativement peu protégé mais totalement naturel.

Trou no. 11 : The Railway
Le trou no. 11 est le trou le plus difficile du parcours. Autrefois joué comme une normale 5, c’est à l’Omnium Britannique de 1997 que l’on décida de le jouer comme normale 4. Ce trou déjà difficile devint alors terrifiant.  Le coup de départ doit être frappé avec un vent généralement de face, vers une allée disposée à la diagonale de gauche à droite par rapport au tertre de départ arrière, nécessitant ainsi une trajectoire parfaite pour trouver l’allée.  Le trou se complique davantage en se rapprochant du vert.  Celui-ci est protégé directement à sa droite par un muret de pierre qui lui-même longe une voie ferrée se trouvant hors-limite à la droite du trou.  Ainsi, tout coup frappé hors ligne sera invariablement hors-limite, ou dans l’impardonnable « gorse » à la gauche du vert (Pour ceux qui ne s’y connaissent pas, le « gorse » est une sorte d’arbuste épineux dans lequel il est pratiquement impossible de récupérer sa balle).

Fait à noter

Le Royal Troon Golf Club a récemment fait la une des journaux dans le monde entier puisque ses membres ont récemment renversé un règlement qui faisait en sorte que les femmes n’avaient pas le droit de devenir membre du club. Il est étonnant de constater qu’il y a encore des clubs aujourd’hui qui exercent cette forme de discrimination envers les femmes, et il est grand temps que ça change.  Seuls quelques clubs font encore partie de cette liste peu enviable, dont le fameux Muirfield Golf Club qui s’est récemment fait retirer le privilège d’être l’hôte de l’Omnium Britannique tant que cette règle serait en vigueur. Cette attitude rétrograde contribue à l’image négative que se fait souvent le publique vis-à-vis du sport.  Cependant, malgré toute cette controverse, il est intéressant de noter qu’un club exclusivement féminin - le Ladies Golf Club Troon - utilise également les parcours que l’on retrouve au Royal Troon Golf Club, et ce depuis 1882. Ceci est une caractéristique étrange pour nous, nord-américains, qui sommes habitués à ce qu’un « Club » et son « parcours » ne fasse qu’un.  En Écosse, il n’est pas rare que plusieurs « clubs » partagent le même « parcours ». C’est le cas, notamment, à St-Andrews, ainsi qu’à Carnoustie, deux autres parcours hôte de l’Omnium Britannique, où les différents clubs ont chacun leur propre chalet à proximité du parcours.

Conclusion
Ceci étant dit, il ne faudrait surtout pas se priver du plaisir que représente le visionnement d’un tournoi majeur sur un tel parcours.  Malgré le fait que le parcours puisse être jugé comme étant plus monotone que certains autres de ses illustres compagnons accueillant à tour de rôle l’Omnium Britannique, il n’en demeure pas moins que le Royal Troon Golf Club constitue un excellent test de golf.  Un grand champion y sera sans aucun doute couronné, une fois que ce dernier aura vaincu les éléments naturels et les particularités présentées par ce type de parcours au charme unique.  Encore une fois, je vous souhaite un bon visionnement!

Pour une description complète du parcours avec vues aériennes, cliquez ici.

Yannick Pilon Golf © 2016