Une pâle copie d’Augusta
National ou un bon test en soi?
Localisé à Charlotte, en Caroline du Nord, le Quail
Hollow Club est ordinairement l’hôte du Wells Fargo Championship, tenu au début
de mai avant le Players Championship. Cette année, toutefois, le Club vivra
ses plus grands moments en étant l’hôte pour la première fois d’un tournoi
majeur : le Championnat de la PGA. Le club fut fondé en 1959 par James J.
Harris, un homme d’affaires de la Georgie qui se maria à Angela Morrisson,
jeune femme de la région dont la famille détenait plusieurs terres ondulées se
prêtant très bien à la création d’un parcours de golf. La conception du
parcours fut confiée à George Cobb, un architecte prolifique de l’époque sur la
côte est des États-Unis. Dès 1968, on commença à jouer d’importants tournois à
Quail Hollow, à commencer par le Kemper Open qui y resta de 1968 à 1979.
Une
esthétique similaire à Augusta National
Au premier regard, le parcours semble étrangement
familier. En effet, sur certain trous, le coup d’œil n’est pas sans rappeler le
fabuleux parcours d’Augusta National situé à 250 km au sud. En effet, tout
semble y être aménagé avec un souci de perfection. C’est un merveilleux exemple
de ce que j’ai critiqué ce printemps dans ma chronique sur Augusta National,
soit le fait que trop de clubs s’emploient à vouloir reproduire le célèbre
parcours de la Georgie sans toutefois offrir à leur surintendant le bénéfice
d’un budget et de conditions d’entretient similaires. Ici par contre, ce ne
semble pas être l’argent qui manque! On trouve sur le parcours des ondulations
similaires, des lacs et une végétation luxuriante avec des boisés parfois même
couverts d’aiguilles de pins, et ce, même si la végétation est composée surtout
de feuillus! On comprend mieux la
ressemblance quand on découvre que George Cobb était un bon amis de Bobby Jones
et Clifford Roberts, respectivement créateur et « chairman » du
Augusta National, et qu’il avait, au cours de l’année 1959, conçu le parcours
de 9-trous à normal trois du célèbre club hôte du Masters….
Plusieurs
changements pour le tournoi de cette année
Dès la fin du tournoi Wells Fargo de 2016, les travaux
ont débuté en vue de préparer le parcours pour le Championnat de la PGA de
2017. Durant les douze semaines qui ont
suivi, le surintendant du parcours et son équipe d’opérateurs ont procédé à
plusieurs changements sous la direction de l’architecte bien connu, Tom Fazio. Trois
nouveaux trous ont ainsi été créés : le trou no. 1 qui est une combinaison
des anciens trous 1 et 2, les trous no. 4 et 5 qui étaient auparavant le trou
no. 5. On a ajouté quelques fosses au trou no. 11, mais on a surtout procédé à
la reconstruction des verts du parcours pour leur offrir une surface en
« Bermuda Grass » survivant mieux au climat local et ses chaleurs
estivales souvent torrides. Les fans d’architecture reconnaitront probablement
l’esthétique stylée des fosses de sable de Fazio qui sont généralement
gracieuses, mais aussi plus ondulées que les fosses d’Augusta qui sont plutôt ovoïdes.
Un
nouveau dégagement
Le plus gros changement au parcours depuis 2016 est
sans aucun doute l’enlèvement de plus de 1000 arbres sur l’ensemble du
parcours. Après soixante années d’existence, plusieurs trous souffraient sans
cesse d’étouffement dû à l’ombrage causé par plusieurs arbres matures à
proximité de leurs zones de jeu. Bien que la décision d’éliminer des arbres est
toujours difficile à prendre pour un club - puisque les membres y sont bien
souvent très attachés - c’est une décision qui plait souvent aux surintendants
car elle permet au parcours de respirer et aux conditions de jeu de
s’améliorer. Les arbres apportent une esthétique et un cadre bien précis au
pourtour des trous, mais ceux-ci agissent aussi comme brises- vent qui
empêchent l’air de bien circuler autour des verts où ils créent aussi des zones
souvent trop ombragées. Ceci génère bien souvent tout un lot de problèmes
agronomiques difficiles à concilier avec les demandes accrues des membres et
visiteurs afin d’obtenir des conditions de jeu irréprochables. La prochaine
fois que vous croisez un surintendant en train de couper un arbre sur votre
parcours, dites-vous bien que c’est fort probablement afin d’améliorer les
conditions de jeu, et pas simplement pour le plaisir de le faire! Eux aussi
aiment bien les arbres, tout comme vous et moi! Tout ceci pour dire que les
habitués du parcours seront peut-être dépaysés par son nouveau look plus ouvert
et dégagé, au point où certains verts paraissent parfois perdus au centre de
grands espaces ouverts qui procureront cependant beaucoup de place aux
spectateurs
Les
trous à souligner
Le neuf d’aller était longtemps perçu comme le point
faible du parcours, c’est pourquoi la majorité des interventions de Fazio se
sont concentrées sur cette portion du parcours. L’un des trous qui ont été
épargné est le trou no. 7, un courte normale cinq qui risque de générer
plusieurs oiselets. Même si le vert est bien protégé par un étang et une fosse
de sable qui bordent son côté droit, il y a fort à parier que les golfeurs ne
seront pas trop intimidés et qu’ils seront plusieurs à atteindre cette normale
cin en deux coups.
Là où le tournoi risque bien de se jouer, c’est à
partir du trou no. 14. Ce trou est une courte normale quatre qui pourrait bien
être atteinte par le coup de départ des golfeurs. Gare, cependant aux golfeurs
qui seront imprécis car le vert est directement au bord d’un étang qui pourrait
également causer des mots de tête aux golfeurs sur les trous nos. 15, 16 et
17. C’est d’ailleurs au trou no. 16 que
débute ce que les membres du club qualifient de « Green mile » :
le dernier mile du parcours qui en fait aussi sa fierté. Soit trois trous
passablement difficiles qui risquent de générer plusieurs changements au
tableau des meneurs en fin de tournoi.
Le trou no. 16 est une longue normale 4 coudée vers la
droite avec un vert bien protégé à sa gauche par l’étang rencontré au trou no.
14. Let trou no. 17 est une rare longue normale 3 de 223 verges avec un vert passablement
petit situé sur une presqu’île rappelant le « island green » du TPC à
Sawgrass. Rien de bien rassurant en fin de parcours. Et pour finir, le trou no.
18 est une longue normale quatre ascendante dont l’allée est protégée sur
presque toute sa longueur par un petit ruisseau diabolique qui l’amincie de
manière dangereuse exactement à l’endroit où les golfeurs voudront placer leurs
coups de départ…. Une finale excitante
est donc fortement possible.
Conclusion
Je peux difficilement cacher mon manque d’enthousiasme
pour ce quatrième tournoi majeur de la saison, et c’est principalement le
parcours qui en est la cause. Je n’ai
aucun doute que celui-ci est d’excellente qualité, mais il me fait trop penser
à une pâle copie d’Augusta National pour que j’y sois activement intéressé. La fin de parcours risque d’être
spectaculaire avec le « Green Mile », mais malgré cela, je suis
personnellement plus intéressé par les tournois se tenant sur des parcours au
caractère plus unique. À cet effet, le PGA of America nous a habitués à un
drôle de mélange de parcours pour son championnat au fil des années. À des
parcours plus classiques tels Baltusrol, Winged Foot, Oak Hill et Medinah
viennent se mêler des parcours modernes souvent controversés tels Whistling
Straits ou l’Ocean Course à Kiawah Island.
On dirait que je préfère ce tournoi lorsqu’il est joué sur ce genre de
parcours et que les classiques souvent plus linéaires et difficiles sont
laissés pour l’Omnium Américain…. Mais
bon! Mon opinion a bien peu d’importance! Apparemment, les golfeurs
professionnels apprécient fort bien le parcours et je parie que, de manière
similaire à Augusta, le visuel y sera sans aucun doute superbe et que les
téléspectateurs seront comblés. C’est ce qui compte, en bout de ligne. Et vous?
Qu’en pensez-vous?
Pour une description en mode trou-par-trou du
parcours, cliquez-ici.
Pour plusieurs vidéos sur le tournoi et le parcours, cliquez-ici.
Pour un article intéressant sur le rôle controversé
des arbres sur les parcours de golf, cliquez-ici.
Yannick Pilon Golf
© 2017