La fermeture récente de
plusieurs parcours de golf et les difficultés que semble avoir l’industrie
depuis quelques années à maintenir une clientèle active sont deux éléments
préoccupants. Mais un autre phénomène est également inquiétant, c’est la perte
graduelle d’expertise dans le domaine de l’architecture, de la construction et
la rénovation de parcours de golf. La
perte de parcours constitue l’élément précurseur de cette perte d’expertise qui
risque de se poursuivre et s’accentuer si la tendance actuelle se maintient. Je
m’explique….
Nouvelle fosse au Club de Golf Le Mirage - Mai 2018 |
Des revenus d’opération plus petits mènent à de plus petits projets,
et à moins de projets
Les revenus des clubs stagnent
et plusieurs d’entre eux peinent à joindre les deux bouts. Alors que certains
clubs ferment carrément leurs portes, plusieurs autres repoussent leurs travaux
ou réduisent leur envergure en attendant de meilleurs jours.
De plus petits projets mènent à des travaux prenant moins de temps
Ceci est une bonne nouvelle
pour les golfeurs qui ne sont pas confrontés à de nombreux travaux qui nuisent
à la saison de jeu qui s’allonge de plus en plus grâce aux changements
climatiques. Par contre, cela fait en sorte que tous les clubs désirant
procéder à des travaux veulent les faire en même temps et souvent à partir du
mois d’octobre, puisque le mois de septembre présente de plus en plus des
conditions de jeu idéales. Ceci laisse
bien peu de temps pour travailler pour les entrepreneurs qui doivent négocier
avec des journées qui raccourcissent et du temps frais et humide qui ralentit
les travaux.
Nouvelles fosses au Country Club de Montréal - Mai 2018 |
Au
cours des années 1990 et 2000, les quelques entrepreneurs spécialisés basés au
Québec étaient occupés à construire de nouveaux parcours au cours du printemps
et de l’été, avant de rediriger leurs ressources vers les travaux de rénovation
à l’automne. Maintenant qu’il n’y a plus de demande pour des nouvelles
constructions et que la demande se concentre au mois d’octobre et novembre pour
les travaux de rénovation, ces entrepreneurs ont de plus en plus de peine à
conserver leurs employés durant toute l’année et certains d’entre eux quittent
l’industrie pour subvenir à leur besoins, ou tout simplement pour leur
retraite. Il y a donc une perte d’expertise qui se fait sentir graduellement.
Ceci fait en sorte qu’il est de plus en plus difficile de recruter des travailleurs
pour leur montrer les bases du métier. Pour contrer la tendance, les
entrepreneurs sont forcés de diversifier leurs opérations afin de tenir leurs
employés occupés durant toute l’année. La majorité d’entre eux travaillent
maintenant à la construction de terrains sportifs ou même sur des projets
d’aménagement publics, résidentiels ou commerciaux. Pour ce faire, ils doivent
obtenir des licences et des certifications démontrant leurs capacités à gérer
de tels projets, et ils doivent aussi bien souvent payer leurs employés à des
taux horaires qui dépendent de l’industrie de la construction qui est fort
règlementée et syndiquée, contrairement à l’industrie du golf.
La
diversification des activités des entrepreneurs peut également mener à d’autres
effets insoupçonnés. Par exemple, lorsqu’un entrepreneur obtient un important
mandat dans le domaine public, soudainement, il risque de perdre de la
disponibilité pour de futurs projets de golf. Mais comment refuser de telles
opportunités? Tout le monde doit
subvenir à ses besoins. Par la suite, lorsqu’il revient au monde du golf, il
doit négocier avec sa main d’œuvre qui a pu travailler avec des meilleures
conditions et à des tarifs plus profitables, puisque les travaux du domaine
public étaient régis par les normes de l’industrie de la construction. Il doit
donc charger ses travaux plus chers pour se permettre de rémunérer ses employés
aux tarifs et aux conditions auxquels ils ont eu droit. Ceci limitera éventuellement
la capacité de certains clubs à se livrer à des travaux plus substantiels.
Des plans B, et même C….
Lorsque
les entrepreneurs ont des carnets de commande trop remplis car les travaux sont
trop concentrés à l’intérieur d’un court laps de temps à l’automne, ils se
retrouvent dans l’obligation de refuser certains mandats car ils n’ont pas les
effectifs pour tout réaliser en même temps. Ceci force les clubs et les
architectes à être créatifs afin de trouver des manières de réaliser tout de
même les travaux qui ne peuvent souvent pas attendre. Bien souvent, ce sont les surintendants et
les employés des clubs qui se retrouvent avec la délicate tâche de réaliser les
travaux avec de l’équipement peu adapté, parallèlement à l’entretien des
parcours qui se fait déjà bien souvent avec du personnel déjà limité. Certains
pensent qu’il y a là des économies à faire, mais par expérience, les résultats
sont rarement moins dispendieux qu’avec un entrepreneur qualifié et bien
équipé, et ils sont souvent de moindre qualité simplement à cause du fait
qu’ils ont été réalisés par des ouvriers dont la construction n’est pas le
principal champ de compétence. Par ailleurs, le temps passé par les employés
d’entretien d’un club à la rénovation du parcours est souvent au détriment des
tâches pour lesquelles ils sont habituellement rémunérés. Ce sont donc les parcours qui en souffrent.
On tourne les coins ronds pour sauver des coûts
Toute cette
problématique s’applique également au milieu de l’architecture de golf qui,
faute de projets significatifs, perd peu à peu ses architectes qui se recyclent
dans d’autres domaines pour subvenir à leurs besoins. Le fait que les clubs
tentent par tous les moyens de sauver des coûts fait que, bien souvent, on
procède à des travaux sans les avoir préalablement bien planifiés à l’aide d’un
architecte qualifié qui aura étudié toutes les options possibles. Ceci peut
bien souvent mener à des travaux pouvant souffrir de quelques lacunes qui ne seront
bien souvent jamais corrigées, faute de budget qui aura été entièrement dépensé
dans les travaux.
Est-ce un réel problème?
Certains diront que je
prêche pour ma paroisse et ils n’auront pas entièrement tort. J’aime bien voir
des travaux bien réalisés de manière efficace et offrant des résultats
exceptionnels. Non seulement, les parcours paraissent mieux, mais, par
extension, moi aussi en tant qu’architecte. Mais est-ce bien grave que des
travaux de rénovation ne soient tout simplement pas réalisés, ou pas aussi bien
réalisés qu’ils pourraient l’être? Peut-être que non, à court terme. Mais à
plus long terme, cela voudra dire des travaux qui s’accumulent, et des parcours
qui perdent graduellement en qualité au détriment de leur clientèle. Le golf ne
demeure qu’un jeu et la grande majorité des golfeurs ne remarquent que très peu
la qualité architecturale d’un parcours, contrairement aux conditions de
jeu. Mais en tant qu’architecte, je ne
peux m’empêcher d’être inquiété à l’idée que des clubs fassent de moins en
moins appel à mes services et ceux de mes compétiteurs, ainsi qu’aux
entrepreneurs spécialisés en construction et rénovation de parcours de
golf. La qualité globale des parcours
québécois ne peut qu’en souffrir à court moyen et long terme. Et à mon humble avis, des parcours moins
invitants risquent de graduellement faire perdre des clients.
Nouveau vert au Club de Golf & Curling Thetford - Octobre 2017 |
Il
est bien évident qu’un regain d’énergie de l’industrie permettrait de renverser
cette tendance de manière toute naturelle. Ce regain est-il possible, à court
terme? Nul n’est bien placé pour percer ce mystère. Mais d’ici-là, il y aurait
moyen de faire preuve d’opportunisme en permettant aux entrepreneurs de
procéder à des travaux d’envergures diverses au cours de la période estivale.
En planifiant adéquatement les travaux, il y a possibilité de travailler sur
certains éléments des parcours sans
générer des désagréments importants pour les golfeurs. La modification de
tertres de départ, la réfection de fosses ou des projets de drainage ne sont
que quelques exemples. Même des travaux
de reconstruction de verts peuvent être considérés lorsque l’on prend le temps
de bien préparer une vert temporaire qui pourra offrir des conditions de jeu
acceptables le temps de réaliser les travaux. Évidemment, le tout n’est pas
sans risques, avec les membres qui ne sont plus aussi loyaux et fidèles qu’ils
ne l’étaient par le passé, et la clientèle de tournois qui est très sélective.
Mais pourquoi risquer de procéder à des travaux de moins bonne qualité?
J’ose
espérer que la morosité actuelle associée à la fermeture de parcours fera
bientôt place à un équilibre qui deviendra la planche de salut de
l’industrie. Une fois cet équilibre
atteint, je crois sincèrement que la clientèle des parcours qui auront fermé se
sera redistribuée dans les parcours restants qui seront alors en mesure de prospérer
à nouveau. Ceci fera en sorte que les parcours pourront possiblement à nouveau
investir dans leurs infrastructures et renverser la tendance menant à cette
lente perte d’expertise. D’ici là, je m’accroche à cette industrie qui me
passionne depuis tant d’années en espérant que les clubs sauront encore
reconnaître l’expertise que moi et mes pairs architectes et entrepreneurs
peuvent apporter à l’industrie pour le bénéfice des parcours.
Yannick Pilon Golf © 2018
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