Hôte de l’Omnium Britannique
2016
C’est en 1878 que le Troon Golf Club voit le jour à 35
miles au sud-ouest de Glasgow. Situé au
bord du Firth of Clyde, une large baie dans la mer séparant l’Écosse de
l’Irlande du Nord, le parcours est voisin et dans l’ombre d’un autre parcours
célèbre où ont eu lieu les six premières éditions de l’Omnium Britannique, le
Prestwick Golf Club. Les six trous
originaux du club sont d’ailleurs planifiés par le surintendant de Prestwick,
Charlie Hunter. Quelques-uns de ces verts sont, d’ailleurs, toujours en fonction
aujourd’hui. Au fil des années, le parcours gagne en popularité, si bien que
l’on y ajoute des trous peu à peu. George Strath, le premier professionnel du
Club, fut nommé en 1882. C’est sous sa gouverne que le club prit de l’expansion
pour passer à douze trous, et finalement dix-huit, en 1884. Les dix-huit trous formés à cette époque
constituent l’essentiel du parcours de ce qui est en jeu aujourd’hui au club.
C’est cependant à Willie Fernie, professionnel du club à partir de 1887, que
l’on doit le trou no. 8, le fameux « Postage Stamp ».
Depuis ce temps, le parcours a gagné en popularité et
en respect. Si bien que dès 1923, le Club devient l’hôte de l’Omnium
Britannique pour la première fois.
Depuis, on y a tenu l’omnium un autre sept fois. C’est donc dire que
l’Omnium Britannique de 2016 sera jouée à Royal Troon pour la neuvième
fois. Un fait intéressant à noter, est
le fait que les six dernières éditions de l’omnium jouées à Troon ont été
remportées par des américains!
Parcours peu spectaculaire comparé à quelques autre
parcours célèbres écossais, c’est néanmoins un excellent test de golf qui teste
admirablement bien les meilleurs golfeurs de la planète.
Caractéristiques du parcours
Parcours de type
Links
L’Omnium Britannique est généralement la seule chance
que nous ayons dans l’année de voir à l’œuvre des professionnels de golf
évoluer sur un parcours de type links. C’est bien dommage, car ce type de
parcours donne lieu à du golf inspiré qui laisse place à la créativité des
golfeurs qui doivent user de toutes leur connaissance du parcours pour en
utiliser toutes ses subtilités. Les conditions plus fermes et rapides des
parcours de type links et la présence quasi continuelle d’un vent du large
favorisent bien souvent un jeu moins aérien qui utilise le sol pour
faire rouler la balle sur de longues distances.
Ainsi, chaque monticule devient un obstacle ou un élément susceptible
d’aider le golfeur si ce dernier l’utilise à son avantage. Ceci donne lieu à
des coups de départ souvent très longs, et des coups d’approche pour lesquels
la cible est bien souvent à court des verts pour permettre à la balle de rouler
tranquillement vers sa destination finale.
Un neuf de retour
très difficile
Le parcours est du type « Out and back »
typique de plusieurs links écossais - c’est-à-dire un parcours dont les neuf
premiers trous s’éloignent du chalet, alors que les neuf derniers trous y
reviennent. Ceci fait en sorte que
plusieurs trous se succèdent généralement dans une même direction et sous
l’action d’un vent dominant, avant de revenir vers le chalet avec des trous
dans une direction et un vent inversé. Après les six premiers trous dans une
même direction, ce n’est qu’entre les trous 7 à 12 que les trous varient de
directions et exposent le joueurs à des vents variables un trou après
l’autre. À partir du 13e
trou, c’est le long retour vers le chalet qui se fait généralement avec un vent
de face, ce qui contribue à la difficulté du parcours et sa réputation d’avoir
l’un des plus difficiles neuf de retour de tous les parcours de l’Omnium
Britannique. À cet effet, les
statistiques de l’omnium de 2004 ne mentent pas : sept des neuf trous les
plus difficiles du parcours se trouvent sur le neuf de retour.
Coups de départ
vers des allées en diagonale
Le parcours nécessite des coups de départ précis de la
part des golfeurs puisque plusieurs de ses trous présentent des allées
disposées en position diagonale plus ou moins prononcée à partir des tertres de
départ. Dans une telle situation, le
golfeur doit frapper son coup de départ avec une trajectoire courbée de manière
à ce que sa balle tombe dans l’axe de l’allée pour bénéficier du maximum de
roulement possible. L’autre option est d’être extrêmement précis et droit tout en évitant de
frapper trop loin dans les zones d’herbe-longue à partir desquelles les coups
d’approche seront beaucoup plus compliqués…. Inutile de dire que les deux
options ne sont pas faciles à accomplir, surtout lorsque la largeur des allées
est minimisée pour le tournoi, et que le vent souffle sans relâche. Cette
situation se retrouve à divers degrés sur les trous nos. 4, 9, 10, 11, 12, 13
et 15.
Trous à souligner
Trou no. 8 :
Le Postage Stamp
Le trou no. 8 est certainement l’un des trous à
normale 3 les plus connus dans le monde entier.
Cette courte normale 3 de 123 verges au vert minuscule est la cause de
bien des maux de tête pour les golfeurs qui ne parviennent pas à atteindre le
vert avec leurs coups de départ. Celui-ci étant légèrement surélevé et bombé,
il tend à repousser les coups qui ne sont pas précis vers une quantité
impressionnante de problèmes causés par de profondes fosses de sable, une haute
dune de sable ou des pentes escarpées en bordure du vert. Il n’est pas rare
ici, de voir de bons golfeurs frapper des coups de fosses d’un côté à l’autre du
vert, dans une autre fosse. Espérons que
les caméras de télévision nous donnerons une bonne couverture de ce trou qui
risque d’être intéressant à regarder.
Trou no. 10 :
Sandhills
Après s’être rendu au point le plus éloigné du
parcours dans la plus pure tradition des parcours de type links, c’est au trou
no. 10 que le parcours commence son retour ardu vers le chalet avec, l’un après
l’autre, les trois trous les plus difficiles du parcours. Le coup de départ de ce trou sera frappé à
l’aveugle au-dessus de hautes dunes de sable vers l’allée la plus ondulée du
parcours. Ceci est une des particularités des parcours de type links qui sont
souvent en symbiose avec le terrain sur lequel ils sont situés, même si cela
signifie plusieurs coups aveugles. Les coups d’approche sur ce trou risquent
d’être frappés à partir d’une position inconfortable vers un vert relativement
peu protégé mais totalement naturel.
Trou no. 11 :
The Railway
Le trou no. 11 est le trou le plus difficile du
parcours. Autrefois joué comme une normale 5, c’est à l’Omnium Britannique de
1997 que l’on décida de le jouer comme normale 4. Ce trou déjà difficile devint
alors terrifiant. Le coup de départ doit
être frappé avec un vent généralement de face, vers une allée disposée à la
diagonale de gauche à droite par rapport au tertre de départ arrière,
nécessitant ainsi une trajectoire parfaite pour trouver l’allée. Le trou se complique davantage en se
rapprochant du vert. Celui-ci est
protégé directement à sa droite par un muret de pierre qui lui-même longe une
voie ferrée se trouvant hors-limite à la droite du trou. Ainsi, tout coup frappé hors ligne sera
invariablement hors-limite, ou dans l’impardonnable « gorse » à la gauche
du vert (Pour ceux qui ne s’y connaissent pas, le « gorse » est une
sorte d’arbuste épineux dans lequel il est pratiquement impossible de récupérer
sa balle).
Fait à noter
Le Royal Troon Golf Club a récemment fait la une des
journaux dans le monde entier puisque ses membres ont récemment renversé un
règlement qui faisait en sorte que les femmes n’avaient pas le droit de devenir
membre du club. Il est étonnant de constater qu’il y a encore des clubs
aujourd’hui qui exercent cette forme de discrimination envers les femmes, et il
est grand temps que ça change. Seuls
quelques clubs font encore partie de cette liste peu enviable, dont le fameux
Muirfield Golf Club qui s’est récemment fait retirer le privilège d’être l’hôte
de l’Omnium Britannique tant que cette règle serait en vigueur. Cette attitude
rétrograde contribue à l’image négative que se fait souvent le publique
vis-à-vis du sport. Cependant, malgré
toute cette controverse, il est intéressant de noter qu’un club exclusivement
féminin - le Ladies Golf Club Troon - utilise également les parcours que l’on
retrouve au Royal Troon Golf Club, et ce depuis 1882. Ceci est une
caractéristique étrange pour nous, nord-américains, qui sommes habitués à ce
qu’un « Club » et son « parcours » ne fasse qu’un. En Écosse, il n’est pas rare que plusieurs
« clubs » partagent le même « parcours ». C’est le cas,
notamment, à St-Andrews, ainsi qu’à Carnoustie, deux autres parcours hôte de
l’Omnium Britannique, où les différents clubs ont chacun leur propre chalet à
proximité du parcours.
Conclusion
Ceci étant dit, il ne faudrait surtout pas se priver
du plaisir que représente le visionnement d’un tournoi majeur sur un tel
parcours. Malgré le fait que le parcours
puisse être jugé comme étant plus monotone que certains autres de ses illustres
compagnons accueillant à tour de rôle l’Omnium Britannique, il n’en demeure pas
moins que le Royal Troon Golf Club constitue un excellent test de golf. Un grand champion y sera sans aucun doute
couronné, une fois que ce dernier aura vaincu les éléments naturels et les
particularités présentées par ce type de parcours au charme unique. Encore une fois, je vous souhaite un bon
visionnement!
Pour une description complète du parcours avec vues
aériennes, cliquez ici.
Yannick Pilon Golf © 2016
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