Hôte de l’Omnium des États-Unis 2016
« Un mauvais
coup doit être un coup irrévocablement perdu »
Le vert du trou no. 9 avec le chalet imposant. |
Depuis
son ouverture en 1904, le parcours hôte de l’Omnium des États-Unis de ce
mois-ci est considéré comme l’un des plus difficiles des États-Unis. Ce n’est pas clair si ce fait était voulu de
son concepteur, Henry Fownes, mais une chose est certaine : celui-ci était
un visionnaire. Originaire de la ville de Pittsburgh où il s’est enrichi dans
l’industrie de l’acier, Henry avait clairement senti, au moment de construire
le parcours, que les nouvelles balles de golf de type « Haskell »
allaient gagner en popularité. Ainsi, le parcours original avait une longueur
totale de 6400 verges, et une normale de 80; l’un des plus longs parcours de
l’époque. Son site ondulé et dépourvu de végétation rappelait les parcours de
type links écossais et irlandais, exposés aux grands vents.
Bien
que la vision initiale d’Henry ait servi à créer le parcours qui possède encore
aujourd’hui la majorité de son agencement de trous original, ce n’est que
lorsque son fils William s’est intéressé au parcours que celui-ci entra
véritablement dans la légende. En effet,
à partir des années 20, William s’employa à ajouter des fosses de sable au
parcours, à l’allonger, et à reconstruire des verts. C’est également durant cette période que le
parcours a gagné sa réputation de parcours cherchant à anéantir les golfeurs alors
qu’on s’est même mis à racler les fosses de sable avec des râteaux créant de
profonds sillons. (Une idée qui fut d’ailleurs reprise au tournoi Memorial de
2006, sous l’initiative du grand Jack Nicklaus.)
En
1935, alors que le Club fut l’hôte de son premier Omnium des États-Unis, le
parcours comptait plus de 300 fosses de sable qui contribuaient à faire rager
les golfeurs. William Fownes s’amusait
régulièrement à dire « qu’un mauvais coup doit être un coup irrévocablement
perdu », scellant ainsi la place du parcours dans l’histoire comme étant
le représentant officiel du style d’architecture « Pénale », ou
chaque coup imprécis des golfeurs doit être pénalisé.
Cependant,
résumer le parcours à sa difficulté serait bien réducteur. Bien que celui-ci
soit effectivement très difficile, et ce, même pour les meilleurs golfeurs
d’aujourd’hui, il n’en demeure pas moins que c’est un parcours qui regorge
d’éléments intéressants d’un point de vue architectural. L’écrivain de golf
Charles Price écrivit d’ailleurs en 1976, dans le célèbre livre « The
World Atlas of Golf », la citation suivante qui résume bien le
parcours : « Tout ce qui a été dit sur le parcours d’Oakmont pourrait
laisser croire que c’est un parcours truqué. L’inverse est vrai. Oakmont a du
caractère, une qualité qui sépare les hommes des enfants, les joueurs des
simples cogneurs. Un joueur peut y avoir le plus grand plaisir de sa vie, ou
quatre heures de torture. »
Caractéristiques
du parcours
L’une
des premières choses que les spectateurs du tournoi remarqueront, c’est
l’absence quasi complète d’arbres sur le parcours. Bien que l’on puisse croire
que cela laisse une grande marge de manœuvre sur les coups de départ, la réalité
est toute autre. Plusieurs des allées étroites
présentent de fortes pentes latérales, faisant en sorte qu’une balle frappée au
centre de l’allée peut très bien rouler jusqu’à l’herbe-longue, ou pire encore,
dans l’une ou l’autre des multiples fosses d’allées du parcours. De manière similaire aux links écossais et
irlandais, ces fosses sont nombreuses et profondes, faisant en sorte que d’y
aboutir signifie bien souvent une pénalité d’un coup. Les golfeurs essaient simplement de s’en
sortir pour tenter d’atteindre le vert sur leur prochain coup. La précision est
donc extrêmement importante sur les coups de départ.
Les coups d’approche
Les
golfeurs qui auront atteint les allées avec leurs coups de départ ne seront pas
au bout de leur peine. Leur connaissance du parcours devra être irréprochable
afin de bien choisir leur stratégie d’approche et ils devront démontrer une
grande confiance en leurs moyens puisque plusieurs des coups auxquels ils
feront face seront exécutés de manière aveugle, en direction de verts qu’ils ne
verront pas. Les membres du parcours sont habitués à cette situation peu
commune sur les parcours modernes nord-américains, mais ils bénéficient de mats
qui leur donnent la bonne direction à prendre.
Pour l’Omnium, ces mats auront été enlevés. Les coups d’approche devront
également prendre en compte les pentes fortes des verts qui pourront bien
souvent faire rouler des balles hors de leurs surfaces.
Les verts
Les
verts d’Oakmont sont considérés parmi les plus difficiles à attaquer à causes
de leurs pentes souvent accentuées et leur vitesse incroyablement rapide.
Plusieurs verts présentent des surfaces en pente latérales fortes, et d’autres
sont même pentus vers l’arrière! Ceci
contribue à faire en sorte que des coups d’approche en apparence bien frappés
au centre des verts seront repoussés vers les abords de verts où menacent l’herbe-longue
diabolique, ou encore, des fosses profondes et innombrables. Bien que cette caractéristique se retrouve
sur plusieurs parcours de type links d’Écosse, d’Angleterre et d’Irlande, c’est
quelque chose de peu courant en Amérique du Nord et qui peut être frustrant
pour un golfeur habitué à jouer des distances précises sans bénéficier d’un
roulement important. Les golfeurs
devront donc user d’un doigté et d’une finesse importante afin de maîtriser ces
verts souvent capricieux!
Trous à souligner
Trou no. 1
Cette
longue normale quatre illustre très bien ce qui attend les golfeurs sur ce
parcours brutal. Sur le coup de départ,
l’allée est protégée par huit fosses de sable profondes qui sont peu visibles à
partir des tertres. Une fois dans l’allée, le vert est lui aussi peu visible
car il est situé au bas d’une pente qui en cache une partie. Les golfeurs devront faire tomber les coups d’approche
10 à 15 verges à l’avant du vert s’ils veulent espérer faire tenir leur balles
sur sa surface puisque ce dernier offre une pente forte vers l’arrière.
Trou no. 3
Le
trou no. 3 met en scène l’une des fosses de sable les plus célèbre de golf
américain, le « Church Pew » (Banc d’église), à l’origine du calvaire
de bien des golfeurs grâce à ses profonds sillons séparés par des bandelettes
de fétuque bien haute. Encore une fois,
le vert est en pente vers l’arrière.
Cette fois-ci, par contre, au lieu d’être au bas d’une pente, le vert
est plutôt situé au sommet d’une pente forte faisant en sorte qu’il est
impossible de faire tomber son coup d’approche devant le vert pour y faire
rouler sa balle. C’est pourquoi on
retrouve une importante zone d’allée à l’arrière du vert….
Trou no. 8
Le
trou no. 8 est la plus longue normale 3 de l’histoire de l’Omnium des
États-Unis. À 288 verges, elle force les golfeurs à faire un choix sur le coup
de départ : jouer de manière agressive vers le vert malgré la longueur du
trou, ou jouer de manière conservatrice vers l’avant droite du vert où un petit
coup d’approche précis sera obligatoire pour sauver la normale. Qui a dit que
les professionnels ne devaient pas jouer de longues normales 3 eux aussi une
fois de temps en temps?
Trou no. 12
L’allée
en pente forte de gauche à droite de cette longue normale 5 de 665 verges fait
en sorte que les coups de départ doivent être joués avec beaucoup de finesse
pour éviter l’une des six fosses de sable qui la protègent. Les joueurs
agressifs seront récompensés par des coups d’approches plus courts et d’un
meilleur angle permettant d’éviter les fosses de sable et les deux fossés qui
bordent la deuxième zone de réception du trou.
Ces fossés sont d’ailleurs très présents sur le parcours, puisqu’ils
aident à en assurer un drainage adéquat. Rarement, cependant, ces derniers sont-ils
aussi en jeu qu’à Oakmont! Le troisième
coup sera lui aussi réalisé vers un vert en pente descendante vers l’arrière,
faisant en sorte que les téméraires qui tenteront de l’atteindre en deux coups
devront être très prudents.
Trou no. 17
Cette
courte normale quatre tentera les golfeurs qui seront à la recherche d’un
oiselet en fin de parcours pour rattraper les meneurs. Ils devront toutefois être très prudents en
tentant d’atteindre le vert avec leurs coups de départ, puisque de profondes
fosses de sable bordent le vert situé au sommet d’une petite colline. Au
contraire, les joueurs qui seront trop conservateurs pourraient perdre un coup
important par rapport au reste des joueurs du peloton. Peu importe la stratégie
adoptée, ce trous fera parler de lui dimanche prochain….
Trou no. 18
Le
dernier trou du parcours est également le plus difficile et il demandera des
nerfs d’acier au joueur qui sera en avance sur le dernier trou du parcours. Cette longue normale quatre de 484 verges monte
vers le chalet et son allée est bordée de plusieurs fosses et de fossés. Un coup de départ le moindrement imprécis
sera durement pénalisé et compromettra les chances d’obtenir une normale. Les
deuxièmes coups provenant de l’herbe-longue ou de l’une des fosses d’allée
devront également négocier avec une fosse d’allée à 90 verges du vert. Une fois
sur le vert, le tout n’est pas terminé : c’est l’un des plus difficiles du
parcours…. Bonne chance!
Conclusion
Le
parcours d’Oakmont est un parcours de type d’architecture principalement pénale
avec une touche d’influence stratégique sur lequel chaque coup imprécis sera
durement puni. Les joueurs patients et conservateurs qui sauront utiliser les
ondulations naturelles du terrain à leur avantage seront favorisés face aux
joueurs agressifs dont le jeu n’est pas parfait. Ce sont ces joueurs qui minimiseront les
occasions de se mettre dans le pétrin et qui auront l’opportunité de jouer des
rondes s’approchant de la normale. Nous ne verrons pas beaucoup d’oiselets,
mais ce sera l’occasion de voir une série de coups des plus imaginatifs les uns
des autres afin de sauver des normales.
Bien souvent, je n’apprécie pas trop le style de jeu prôné par la USGA
pour son championnat, mais à Oakmont, c’est un plaisir à regarder! Bon tournoi.
Pour toute l’info dont vous pourriez rêver sur
Oakmont, cliquez ici.
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Yannick
Pilon Golf © 2016
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