lundi 22 mai 2017

Le « Island Green »

Pourquoi je n’aime pas ce concept
Le Players Championship qui s’est terminé il y a une semaine sur le célèbre parcours du TPC à Sawgrass a mis en vedette les meilleurs joueurs au monde dans le tournoi que plusieurs considère comme le cinquième tournoi majeur de l’année.  Encore une fois, l’un des éléments qui a fait le plus parler de lui est le fameux dix-septième trou. Et oui, cette fameuse petite normale 3 d’à peine 137 verges est probablement le trou qui est le plus facilement reconnaissable sur la planète toute entière! Malgré cette courte distance, ce trou a encore une fois terrorisé les meilleurs golfeurs de la planète lors des quatre jours du tournoi.  Imaginez l’impact que celui-ci pourrait avoir sur vous et moi qui sommes des golfeurs infiniment moins talentueux….
Ce qui est le plus drôle, c’est que ce petit trou n’était pas prévu dans les plans initiaux du parcours dessiné par le célèbre et souvent diabolique Pete Dye. En effet, au départ, ce trou devait être une normale trois plus simple, avec un petit lac d’un côté du vert. Mais le sable de haute qualité qui se trouvait dans ce secteur du parcours a fait en sorte qu’on en excava de grandes quantités durant la construction du parcours afin de remblayer d’autres sections du parcours.  Bientôt, la zone excavée était si large et si profonde que Pete Dye et sa femme Alice, eurent l’idée de complètement encercler le vert d’eau. Ils auraient pu décider de laisser un peu de marge d’erreur autour du vert, mais non, on l’entoura plutôt d’un muret de bois que les Dye avaient remis à la mode du jour en architecture de golf après avoir observé de telles installations sur certains des meilleurs parcours de type links d’Écosse, tel Prestwick, entre-autres.
Le résultat est une cible où la marge d’erreur est inexistante. Soit la balle est sur le vert ou sa frise, soit elle est dans l’étang qui entoure le vert.  Seule une petite fosse à peine plus grosse qu’une baignoire vient s’interposer entre les golfeurs et le vert entouré d’eau. Il n’y a donc aucune autre option que de franchir l’obstacle d’eau afin d’atteindre le vert. Bien que ce soit l’un des trous les plus spectaculaires à voir à la télévision en tant que spectateur, il n’en demeure pas moins que ce genre de trou est plutôt controversé dans la vie de tous les jours. En effet, celui-ci représente le plus grand cauchemar de bien des golfeurs qui sont souvent démunis devant l’ampleur de la tâche nécessaire pour non seulement atteindre le vert, mais y rester!  Le rôle d’un architecte est de créer des défis et de la variété sur un parcours, mais quand celui-ci choisit de mettre en place un vert de type Island Green, il le fait bien souvent au détriment d’une grande portion de la clientèle et il crée une situation où il pourrait, dans le pire des scénarios, faire en sorte que quelqu’un ne puisse pas terminer sa ronde.
Bien sûr, un tel artifice a aussi sa place sur les parcours de golf. L’exemple du TPC à Sawgrass en est la preuve ultime dans le contexte de ce tournoi qui met en vedette les meilleurs golfeurs de la planète. Le publique qui se rend par la suite jouer ce parcours célèbre tient également à se mesurer à ce petit trou monstrueux pour se comparer aux meilleurs joueurs.  Mais dans la vie de tous les jours, en tant qu’architecte, si j’ai le choix de créer un trou qui doit défier tous les golfeurs, c’est une option que je n’utiliserai probablement jamais, à moins d’avoir une occasion si unique qu’elle ne saurait être ignorée, tel un site naturel particulièrement spectaculaire, et encore.

Quand un trou n’offre aucun choix aux golfeurs, aucune alternative, aucune possibilité de jouer de manière conservatrice ou selon son niveau de jeu, à mon humble avis, c’est de l’architecture qui ne remplit pas son plein potentiel.  Mais bon! Ceci étant dit, j’étais pourtant au rendez-vous il y a une semaine pour voir comment les meilleurs joueurs au monde ont trouvé le moyen de vaincre ce petit trou terrifiant! Et vous? Que pensez-vous de ce trou controversé?

Malgré mon malaise devant ce type de trou, je dois admettre qu’il est populaire! Il y en a au moins six dans la grande région de Montréal à elle seule, et au moins huit autres ailleurs au Québec :













Il en a surement d’autres…. À vous de me le dire!


Yannick Pilon Golf © 2017

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